
French Lover(s) : les meilleures romcom françaises des 25 dernières années

Yoann Sardet
Non, la comédie romantique - ou « romcom » pour les puristes - n’est pas uniquement réservée aux films américains ! Le cinéma français sait lui aussi naviguer dans ce genre très codifié, qui met en scène un jeu savoureux de « je t’aime moi non plus », des seconds rôles aussi hilarants qu’attachants, des quiproquos et situations cocasses, des déclarations enflammées et un esprit résolument feel-good avec une tonalité pop, colorée et acidulée.
Le French Lover (2025) Omar Sy en est d’ailleurs le dernier exemple en date. Devant la caméra de Nina Rives, il campe un célèbre acteur qui va craquer pour une serveuse en galère (la charmante Sara Giraudeau) pour un Coup de foudre à Notting Hill (1999) inversé à même de faire battre le cœur des abonné.es Netflix. Entourés de la pétillante Agnès Hurstel, de l’affectueuse Pascal Arbillot et du tendre Alban Ivanov, les deux tourtereaux forment un couple aussi imprévu qu’évident. Bref, tout ce qu’on aime dans le genre.
Si vous voulez continuer à vibrer, bien au chaud sous un plaid et avec un pot de glace à portée de main, JustWatch vous propose une sélection du meilleur de la « french romcom » de ces dernières années (totalement subjective, basée sur mon petit cœur qui bat à moi !). Omar Sy, Audrey Tautou, Alain Chabat, Vanessa Paradis, François Civil, Virginie Efira, Romain Duris, Alexandra Lamy, Pierre Niney : elles et ils devraient vous charmer sans modération. Et on se demande au passage comment certains de ces films n’ont pas encore eu leur remake US…
20. Anges & Cie (2025)
Anges & Cie (2025) est la petite dernière de cette liste de french romcom, et elle mérite un coup de projecteur après une carrière en salles très discrète (à peine 112 000 entrées en juin dernier). Le concept derrière cette comédie romantique est pourtant intéressant, puisqu’on y suit les agissements d’anges gardiens, reconnaissables à leur uniforme violet, qui accompagnent nos pas d’humains. Et notamment ceux de Paul (Julien Pestel) et Léa (Shirine Boutella), deux âmes qui vont se rencontrer dans un ascenseur un soir de Réveillon et qui vont se recroiser, quelques années plus tard, alors que lui est sur le point de se marier. Ils sont accompagnés par deux guides que tout oppose (Elodie Fontan et Romain Lancry), et on aime beaucoup leurs petits stratagèmes pour aider ou contrecarrer le destin. Le film ne révolutionne pas le genre mais reste un spectacle très mignon, qui aurait pu faire un programme court très sympathique façon Scènes de ménages (2009-), à l’image des capsules qui ont été postées sur les réseaux sociaux en amont de la sortie. Entre Dogma (1999), Un jour sans fin (1993), Didier (1997), The Good Place (2016-2020) et Miracle Workers (2019-2023), le film revendique l’esprit du classique Une question de vie ou de mort (1946) comme inspiration majeure.
19. Situation amoureuse : c’est compliqué (2014)
Dans Le Mariage de mon meilleur ami (1997), on suivait un triangle amoureux entre deux futurs mariés et Julia Roberts du point de vue de cette dernière, obligée d’assister à l’union de celui qu’elle a toujours aimé. Dans Situation amoureuse : c’est compliqué (Grand Prix au Festival de l'Alpe d'Huez 2014), Manu Payet déplace le regard pour raconter une histoire similaire, alors qu’il voit ressurgir dans sa vie de futur marié « la plus belle fille du lycée » à qui il n’a jamais osé déclarer sa flamme. Comment choisir entre Anaïs Demoustier et Emmanuelle Chriqui (oui, la Sloan de la série Entourage ici dans son tout premier rôle en français) ? Faut-il tout gâcher pour réaliser un fantasme adolescent ? La réponse dans cette romcom divertissante qui vaut surtout le détour pour ses dialogues et ses seconds rôles, notamment Jean-François Cayrey et Jean-Charles Clichet en meilleurs potes aux conseils aussi bourrins qu’hilarants, très inspirés de l’humour des comédies potaches de Judd Apatow et des frères Farrelly que Manu Payet affectionne.
18. Toute première fois (2015)
Trois ans avant Love, Simon (2018), qui proposait la première teen comedy et romcom gay d’un grand studio outre-Atlantique, Toute première fois (2015) croisait déjà comédie romantique et homosexualité/bisexualité avec humour et sensibilité. Devant la caméra de Noémie Saglio (future créatrice de la série Plan Coeur) et Maxime Govare (futur réalisateur des Crevettes pailletées, 2019), Pio Marmaï, heureux en couple avec Lannick Gautry, se réveille dans le lit… d’une femme pour qui il craque. Un faux pas qui va évidemment bouleverser son existence. On aime ici le ton décomplexé, bienveillant et contemporain du long métrage, le mélange entre légèreté et tendresse, la relation entre le héros et son meilleur pote Franck Gastambide, Camille Cottin qui sort du personnage de Connasse, le repas de famille… Bref, beaucoup de raisons de faire de cette première fois un visionnage plus que recommandé, surtout si vous aimez les films de Judd Apatow (40 ans toujours puceau, En cloque mode d'emploi) et la romance Imagine Me & You (2006).
17. L’Amour c’est surcoté (2025)
Voir les hilarants Hakim Jemili et Laura Felpin jouer les couples de comédie romantique a quelque chose de surprenant. Pour tout dire, on attendait plus les deux humoristes en seconds rôles comiques de romcom. Et pourtant le pari est gagnant car leur relation dans L’Amour c’est surcoté (2025), débutée au vestiaire d’une boîte de nuit, est vraiment touchante avec beaucoup de blessures, de non-dits et de masques susceptibles de contrecarrer cette romance naissante. On découvre ici la sensibilité de ces deux pros de la vanne qui, comme leurs personnages, acceptent de sortir de leur zone de confort. Et c’est extrêmement plaisant. Tout comme la bande qui les entoure, notamment Benjamin Tranié en roue libre dans ses vannes pas très politiquement correctes. Pour son premier long métrage, Mourad Winter adapte son propre roman avec talent, dans la même veine que Simple comme Sylvain (2023). On regrette juste que beaucoup de pistes soient lancées sans vraiment être creusées (l’ex en prison, la visite chez les parents, le mal-être d’Isma, la coloc…). Un film inégal donc, mais prometteur !
16. Hors de Prix (2006)
Dans le grand monde, on dit « aventurière » et « homme de compagnie ». Mais concrètement, dans Hors de Prix (2006), Gad Elmaleh et Audrey Tautou monnayent leurs charmes auprès des riches client.es d’hôtels de luxe. Elle comme mode de vie, lui pour tenter de la séduire. Cette intrigue qui pourrait sembler vulgaire est en réalité enlevée et élégante, grâce à l’écriture et la mise en scène de Pierre Salvadori qui revendique de s’inspirer des films d’Ernst Lubitsch (Jeux Dangereux, Haute Pègre, Rendez-vous…) comme boussole. Entre Pretty Woman (1990) et Coup de foudre à Manhattan (2003), avec le standing de la french riviera, le long métrage montre qu’Audrey Tautou n’est pas uniquement « Amélie Poulain » et que Gad Elmaleh peut être un premier rôle romantique crédible, comme il le fut d’ailleurs la même année dans un rôle très proche dans La Doublure (2006). Et attention, il ne faut ne pas confondre Hors de Prix et Quatre étoiles (2006), qui se déroule aussi dans le monde des établissements de haut standing avec Isabelle Carré et José Garcia.
15. L’Amour c’est mieux à deux (2010)
Vous le verrez, Virginie Efira sera très présente dans cette sélection romcom. En 2010 toutefois, elle n’est pas encore la comédienne incontournable qu’elle deviendra par la suite. Venue de la télévision (elle présentait La Nouvelle Star, souvenez-vous !), l’actrice belge enchaîne les petits rôles avant d’exploser dans L'Amour c'est mieux à deux (2010). Face à Clovis Cornillac en éternel romantique qui rêve des hasards de l’amour et Manu Payet, son meilleur ami pour qui tout se résume au sexe, cette « Cameron Diaz à la française » (selon les réalisateurs Dominique Farrugia & Arnaud Lemort) illumine cette variation sur les rencontres des trentenaires parisien.nes. C’est frais, c’est drôle, c'est moderne, avec de solides seconds rôles (Annelise Hesme, Jonathan Lambert, Laurent Lafitte, Shirley Bousquet…) et un esprit choral dans la lignée de Modern Love (2008).Et surtout, le film consacre Virginie Efira comme la french queen de la comédie romantique.
14. Ma vie en l’air (2004)
Si comme moi, vous aimez l’humanité et la délicatesse de Rémi Bezançon (auteur du formidable Le Premier jour du reste de ta vie, 2008), vous embarquez avec plaisir pour son premier long métrage. Dans Ma vie en l’air (2005), on suit un trentenaire terrifié par l’avion, phobie qui l’empêche de suivre celle qu’il aime à l’autre bout du monde : échoué sur son canapé avec son coloc et ami d’enfance, il voit débarquer dans sa vie une nouvelle voisine qui va bouleverser sa vie. Au coeur du film, il y a un trio impeccable : Vincent Elbaz en héros maladroit, Gilles Lellouche en glandeur attachant et Marion Cotillard en jeune femme indépendante. Et il y a aussi des questions plus profondes sur nos choix. Ma vie en l’air y répond avec humour et mélancolie, comme un miroir lumineux au plus dramatique -mais tout aussi réussi- Ensemble, c’est tout (2007) où excellent Audrey Tautou, Guillaume Canet et Laurent Stocker.
13. 20 ans d’écart (2013)
Au cinéma, c’est toujours risqué de simuler l’amour… car les sentiments peuvent rapidement s’inviter dans l'équation. Virginie Efira va en faire l’expérience dans 20 ans d’écart (2013), dans lequel un quiproquo improbable va faire croire qu’elle entretient une relation avec un jeune étudiant (Pierre Niney) : de quoi moderniser son image professionnelle et faire d’elle une nouvelle icône de la mode. Mais que faire quand le gamin de 19 ans et cette « cougar » improvisée de 38 ans craquent vraiment l’un pour l’autre ? Comme La Proposition (2009) avec Sandra Bullock et Ryan Reynolds, 20 ans d’écart revisite l'idylle contractualisée avec beaucoup d’humour (la visite de Virginie Efira dans l’école de Pierre Niney est savoureuse) et d’amour (on craque vraiment pour cette romance impossible). On est quelque part entre Working Girl (1988), Sex and the City (1998), Le Diable s’habille en Prada (2006) et Le Lauréat (1967), avec une vraie patte parisienne. Et on valide !
12. Tout le monde debout (2018)
Oui, Franck Dubosc est le Patrick Chirac de la trilogie Camping (2006-2016). Et le séducteur (très) lourd de nombreux one-man-shows. Mais ce serait dommage de le réduire à ce rôle de lover ringard, car dans Tout le monde debout (2018), sa toute première réalisation, il propose une comédie romantique étonnante sur fond de… handicap moteur. Menteur invétéré, il adopte le fauteuil roulant pour charmer une auxiliaire de vie (Caroline Anglade), mais rencontre rapidement sa grande sœur (Alexandra Lamy), réellement hémiplégique. De ce quiproquo naît un joli film, qui brasse le mensonge joyeux de L’Arnacoeur (2010) et le rire bienveillant et rassembleur de Un pt’it truc en plus (2024). Avec sensibilité et humour, Franck Dubosc livre ici une belle surprise, sorte de « Intouchables (2011) de la romcom », qui s’appuie sur un grand cœur et des seconds rôles savoureux (Elsa Zylberstein et Gérard Darmon en tête). Pour l’anecdote, si le titre du film vous rappelle quelque chose, c’est normal : il reprend mot pour mot la bourde lancée par François Feldman en 1996 au public du 10e Téléthon !
11. Un peu, beaucoup, aveuglément (2015)
Est-ce que l’on se voit mieux… sans se voir ? C’est la jolie question que pose Un peu, beaucoup, aveuglément (2015) qui repose sur un concept digne de l’émission de téléréalité Love Is Blind (2020-). Séparés par un mur très peu insonorisé, Machin, un misanthrope bourru (Clovis Cornillac), et Machine, une jeune pianiste introvertie (Mélanie Bernier), vont nouer un dialogue et une relation profonde sans jamais se croiser et sans jamais réduire leurs sentiments naissants aux apparences. Finiront-ils ensemble ? La réponse dans ce premier long métrage imaginé par Cornillac et sa pétillante compagne Lilou Fogli. Quelque part entre une romcom anglo-saxonne et un huis clos théâtral, le film est un petit bonbon feel-good et poétique, qui assume sa naïveté et sa simplicité. On y retrouve le même esprit que dans des films comme La Garçonnière (1960), Nuits blanches à Seattle (1993) et Vous avez un message (1998).
10. L’Arnacoeur (2010)
L’Arnacoeur (2010), c'est un « briseur de couple professionnel », une sorte de anti Hitch engagé pour éloigner les femmes de relations toxiques. Pour cela, il utilise des mises en scène inventives, son équipe de choc (sa sœur et son inénarrable mari) et son talent inné pour la séduction. Il n’avait juste pas prévu que sa nouvelle cible le fasse chavirer… A partir d'un concept de comédie à la Alibi.com (2017), Pascal Chaumeil livre une romance très réussie pour son premier long métrage (avant de poursuivre dans le genre avec Un plan parfait, 2017). Le chassé-croisé amoureux entre Vanessa Paradis et Romain Duris fonctionne bien, avec en point d’orgue leur hommage à la choré de Dirty Dancing (1987). Le duo François Damiens / Julie Ferrier est hilarant. Et les fans de The Walking Dead (2010-2022) reconnaîtront Andrew « Rick Grimes » Lincoln en fiancé britannique. Alors pourquoi ne pas classer L’Arnacoeur plus haut dans le classement ? Parce que j’ai toujours trouvé le couple -et le film- un peu artificiels. On a le droit de ne pas être d’accord ! D’ailleurs, 3,7 millions de spectateurs ont pensé le contraire en salles. C’est pour ça que cette romcom a toute sa place ici. Mais pas dans le top.
9. La Chance de ma vie (2011)
Troisième entrée romcom de cette liste pour Virginie Efira, décidément incontournable dans le genre. Dans La Chance de ma vie (2011), elle fait des merveilles en designeuse qui a le malheur de croiser le chemin d’un conseiller matrimonial (François-Xavier Demaison) qui porte la poisse à toutes celles dont il tombe amoureux. La carrière, la santé et la vie amoureuse de la jeune femme peuvent-elles survivre à ce chat noir ? Devant la caméra de Nicolas Cuche (Prêt à tout, Pourris gâtés), la comédienne est une vraie Pierre Richard au féminin, victime de tous les coups du sort possibles et imaginables, entre quiproquos, chutes et allergie. Et on aime beaucoup ! Bien sûr, le film n’échappe pas aux ficelles et clichés de la comédie romantique, il est parfois un peu prévisible mais qu’importe, on passe un délicieux moment pendant 1h27mn.
8. Populaire (2012)
Si vous aimez la screwball comedy (sous-genre des années 30 dont New York-Miami, L'Extravagant Mr. Deeds et L'Impossible Monsieur Bébé sont des incontournables) et les classiques US des années 50 (Drôle de frimousse, Confidences sur l’oreiller, Comment épouser un millionnaire…), vous devriez adhérer à la proposition de Populaire (2012) qui assume son côté rétro tout en instillant beaucoup de modernité. On y découvre une jeune secrétaire (Déborah François) qui tape à la machine comme personne prise sous l’aile d’un patron ambitieux (Romain Duris) qui décide d’en faire une championne… de concours de vitesse dactylographique. Entre élégance old school, film sportif et romcom pétillante, Populaire est un long métrage qui mérite vraiment d’être (re)découvert. C’est un peu le Bye Bye Love (2003) français, et on en redemande !
7. Avignon (2025)
Avec trois prix au Festival de l’Alpe d’Huez, qui célèbre chaque année les meilleures comédies, Avignon (2025) est l’un des films incontournables de l’année. Sincère et rafraîchissant, le premier long métrage de Johann Dionnet - adapté de son court métrage Je joue Rodrigue - nous plonge dans les rues, les salles et les coulisses du Festival d’Avignon, qui devient chaque été la capitale du théâtre. C’est là que Baptiste Lecaplain, comédien d’une pièce de boulevard, va faire croire qu’il joue Le Cid pour impressionner et séduire une actrice (Elisa Erka) venue elle aussi en ville pour l’événement. Entre romcom et comédie de troupe, cette pépite drôle et attachante célèbre l’art de la scène, qu’il soit classique ou populaire, sans occulter la précarité du métier et les rivalités du milieu. Le tout porté par une bande chaleureuse et attachante (Alison Wheeler, Lyes Salem, Rudy Milstein, Constance Carrelet…) qui rappelle beaucoup la dynamique d’un Radiostars (2012) et l’esprit d’un Edmond (2019).
6. Parents d’élèves (2020)
Sur le papier, Parents d’élèves (2020) est une comédie familiale entre parents, profs et élèves. Je le classe personnellement dans les très bonnes romcom, car on retrouve au centre de cette histoire le joli couple Camélia Jordana / Vincent Dedienne. Elle, c’est une jeune prof impliquée. Lui, c’est un babysitter qui va se faire passer pour le père de l’enfant qu’il garde. Le moyen idéal pour se rapprocher de la maîtresse… Entre réunions, sorties et kermesse, le film nous fait traverser toute une année scolaire avec le cœur battant, en attendant que les deux tourtereaux finissent par se séduire. A leurs côtés, la bande des parents (emmenée par Alix Poisson et Samir Guesmi) est très drôle, tout comme les enfants. C’est Noémie Saglio (Connasse, Plan cœur, Toute première fois…) qui dirige tout ce petit monde. Si vous avez aimé Ma reum (2018) et Daddy Cool (2014) côté français, et des films comme Un flic à la maternelle (1990) ou Babysittor (2005) côté US, Parents d’élèves est quelque part au milieu. Et c'est très sympa.
5. Le Fabuleux destin d’Amélie Poulain (2001)
Il y a beaucoup de choses dans Le Fabuleux destin d’Amélie Poulain (2001). Les « aime / aime pas » aussi anecdotiques que géniaux. Montmartre et Paris revisités par Jean-Pierre Jeunet. Les seconds rôles mémorables (Isabelle Nanty, Dominique Pinon, Jamel Debbouze, Yolande Moreau, Rufus, Urbain Cancelier, Serge Merlin…). La narration d’André Dussollier. La musique de Yann Tiersen. Un nain de jardin, des ricochets, des photomatons, une boîte de souvenirs, aussi. Mais il y a surtout la romance douce et timide entre Audrey Tautou et Mathieu Kassovitz, qui se cherchent pendant une bonne partie du long métrage autour d’un album photo. Inclassable et feel-good, ce conte hors du temps est en son coeur une très jolie romcom autour d’une jeune femme tournée vers les autres qui va enfin accepter de s’occuper (un peu) d’elle-même. Le film brille par sa tendresse, son inventivité visuelle et sa naïveté, et peut être rapproché de Minuit à Paris (2011), Moonrise Kingdom (2012) ou La Science des Rêves (2006).
4. Mensonges et trahisons et plus si affinités… (2004)
Mensonges et trahisons et plus si affinités… (2004) est à l’image d’Edouard Baer : décalée et inclassable. Avec un pitch comme seules les romcom savent en proposer : un écrivain en pleine crise existentielle quitte sa petite amie alors qu’il doit rédiger la biographie d'un footballeur professionnel dont la femme… n'est autre que celle avec qui il a failli conclure dans ses jeunes années. Premier long métrage du regretté Laurent Tirard (qui signera par la suite Molière, Un homme à la hauteur et le scénario de Prête-moi ta main), le film brille par son rythme, son sens du dialogue et sa douce ironie alors que s’enchaînent quiproquos et faux semblants. Face au dandy Baer, Marie-Josée Croze, Clovis Cornillac et Alice Taglioni complètent le quatuor de choc et de charme de cette comédie romantique enlevée et élégante, sorte de version cynique du cinéma d’Emmanuel Mouret. Personnellement, c’est l’une de mes romcoms de chevet, avec une mention spéciale pour les trois potes qui gravitent autour de notre anti-héros : Jean-Christophe Bouvet, Eric Berger et Jean-Michel Lahmi.
3. Les Emotifs Anonymes (2010)
Dans « comédie dramatique », il y a « comédie ». C’est pour cela que j’ai choisi d’intégrer Les Emotifs anonymes (2010) à ce classement. Parce que j’aime d’amour cette comédie dramatique romantique, qui brille par sa subtilité et sa douceur en orchestrant l’idylle naissante entre deux grands timides maladifs. Lui (Benoît Poelvoorde) est directeur d’une fabrique de chocolats et a beaucoup de mal avec les interactions humaines. Elle (Isabelle Carré) est chocolatière et perd ses moyens à chaque prise de parole. Leur rencontre est absolument bouleversante. Et drôle aussi. Le réalisateur Jean-Pierre Améris, lui-même hyper-émotif, livre ici une romcom très personnelle, toute en dentelles, qui sublime l’anxiété sociale et irradie de bienveillance. C’est un bonbon (enfin... un chocolat, plutôt !) qui fait vraiment du bien, à rapprocher de Le Chocolat (2000) et La Délicatesse (2011), et où l’on croise un jeune Pierre Niney dans l’un de ses premiers rôles.
2. Prête-moi ta main (2006)
Dans Prête-moi ta main (2006), Alain Chabat est un « nez », engagé par les plus grands parfumeurs pour concocter leurs nouvelles fragrances. Car c’est un vrai talent de savoir mélanger les senteurs pour obtenir une odeur unique et parfaite. Le film d’Eric Lartigau est à cette image : un savant mélange d’amour, d’humour, de tendresse, de joies et de peines pour une romcom absolument parfaite, qui voit cet éternel célibataire engager Charlotte Gainsbourg afin de la présenter à sa famille comme son (horrible) fiancée pour être enfin débarrassé de la pression du mariage. Mais les sentiments vont évidemment s’en mêler… En transposant en France le concept du « love contrat » cher aux romances US (on pense à Pretty Woman, La Proposition ou 10 bonnes raisons de te larguer), Prête-moi ta main nous offre une petite bulle romcom dont les effluves nous habitent longtemps après. Comme un bon parfum, finalement. Une vraie réussite, à prolonger avec #Jesuislà (2020), également du tandem Chabat / Lartigau.
1. Mon inconnue (2019)
Prête-moi ta main (2006) a longtemps été, pour moi, ce qui se faisait de mieux dans la romcom française (et même en romcom tout court). Et puis est arrivée Mon inconnue (2019), pépite signée Hugo Gélin (d’ailleurs coscénariste et directeur artistique de French Lover). Au croisement de la comédie romantique et du film fantastique façon « et si », le film projette un auteur à succès dont la flamme pour sa compagne s’est éteinte dans une réalité parallèle où lui est professeur de français et elle pianiste virtuose. Ils ne se connaissent plus, et il va tout faire pour séduire à nouveau cette inconnue qu’il connaît si bien… Véritable bijou d’émotions et d’humour parfaitement ciselé, le long métrage assume ses inspirations anglo-saxonnes (Family Man, Un jour sans fin, Eternal Sunshine of the Spotless Mind) qu’il réinvente avec une vraie french touch, et il met en scène un couple de cinéma lumineux et évident : Joséphine Japy et François Civil. A leurs côtés, Benjamin Lavernhe est un formidable atout comique (et ping-pong !).