De La Trilogie Cornetto (2004-2013) à Scott Pilgrim (2010), Edgar Wright a été la figure phare « d’une certaine tendance de l’humour britannique » et a profondément marqué la culture geek des années 2000 avec ses excentricités frénétiques et satiriques.
Son cinéma était, et reste, haut en couleur et en action, déborde d’énergie et regorge de références aux genres cinématographiques. Toujours est-il que ses deux derniers films, Baby Driver (2017) et Last Night in Soho (2021), semblent avoir laissé moins de traces dans la culture pop que ses chefs-d’œuvre millénaires – et même les fans les plus fidèles en conviendraient ! Avec son dixième long métrage, Running Man (2025), attendu dans les salles françaises ce 19 novembre, le cinéaste s’essaie pour la première fois au blockbuster, tissant un pont entre sa patte unique et le cinéma hollywoodien.
Pour anticiper (et accompagner) la sortie du film, JustWatch vous propose ce guide spécial Edgar Wright, qui plaira autant à ses fans souhaitant revigorer leurs souvenirs de jeunesse qu’aux spectateurs.rices découvrant l’univers du réalisateur avec Running Man.
Notons que notre liste regroupe uniquement les films réalisés par Edgar Wright : nous avons donc délibérément exclu ses contributions scénaristiques, comme Les Aventures de Tintin : Le Secret de La Licorne (2011) et Ant-Man (2015), ainsi que les séries telles que Asylum (1996) et Les Allumés (1999-2001), qui méritent néanmoins un coup d’œil !
1. A Fistful of Fingers (1995)
Dès son premier long métrage, Edgar Wright atteste de son penchant pour jouer avec les codes esthétiques et narratifs des genres au cinéma et commence ses expérimentations avec le western. En se servant de l’iconographie du film de cowboys pour la détourner et la pousser à l’extrême avec l’humour, il livre un film qui suit les pas de ses prédécesseurs britanniques, les Monty Python. On y retrouve la même passion cinéphile que dans les premiers films à petit budget de Sam Raimi ou Robert Rodriguez.
Toutefois, A Fistful of Fingers (1995) reste inédit partout dans le monde et il est extrêmement difficile d’en trouver une bonne copie. En espérant une éventuelle ressortie, on pourrait s’attendre à découvrir un néo-western à la El Mariachi (1992) croisé avec la dynamique justicier solitaire / guerrier native de Lone Ranger (2013)... mais avec beaucoup moins de moyens puisque Wright a seulement bénéficié de 15 000 dollars de budget ! Ou encore un film comme Dead Man de Jim Jarmusch — un autre western atypique sorti la même année.
2. Shaun of the Dead (2004)
Là où A Fistful of Fingers était un hommage à Sergio Leone, Shaun of the Dead (2004) « ressuscite » un autre maître du cinéma, à savoir George A. Romero à travers son chef-d’œuvre La Nuit des morts-vivants (1968). Si l’on parle aujourd’hui des « zom-coms », c’est en grande partie grâce au génie d’Edgar Wright. Porté par Simon Pegg et Nick Frost, alors inconnus, Shaun of the Dead raconte l’histoire de Shaun et de son coloc Ed, dont les vies sont complètement chamboulées lorsque Londres est envahie par les zombies.
De ses gags visuels ingénieux à son rythme effréné, le film est tout simplement hilarant et constitue un arrêt essentiel dans le parcours cinéphilique de chacun. Si vous êtes fan de Bienvenue à Zombieland (2009), The Dead Don’t Die (2019), Ne Coupez Pas ! (2017) ou encore de son jumeau français Coupez ! (2022), il ne faut pas tarder à découvrir l’urtext des comédies de zombies.
3. Hot Fuzz (2007)
Après Shaun of the Dead, Edgar Wright signe Hot Fuzz (2007), la deuxième entrée de sa trilogie Cornetto. Retrouvant Simon Pegg et Nick Frost, le cinéaste s’approprie cette fois les codes du buddy cop movie. Pegg incarne le policier surdoué Nicholas Angel, transféré de Londres vers un petit village parce que ses performances irréprochables font passer ses collègues pour incompétents. Frost interprète Danny, l’agent local avec qui Angel doit former un duo, et, évidemment, les deux s’entendent comme chien et chat.
Par rapport à Shaun of the Dead, Hot Fuzz bénéficie d’une image et d’effets visuels nettement plus maîtrisés, le budget de production ayant été doublé. Le scénario, de nouveau coécrit par Wright et Pegg, se révèle surtout plus intelligent et plus complexe – ce qui fait du film non pas un simple « spoof », mais un véritable méta-film sur les longs métrages d’action policiers. Des œuvres ultérieures comme Very Bad Cops (2010) d’Adam McKay ou The Nice Guys (2016) de Shane Black doivent sans doute beaucoup à cette pépite…
4. Scott Pilgrim (2010)
Wright fait une pause dans sa trilogie pour tourner son premier film à Hollywood – et quel film ! Adapté de la série de comics de Bryan Lee O’Malley, Scott Pilgrim (2010) s’impose comme l’une des comédies emblématiques des années 2010. De la figure de l’éternel adolescent à la « manic pixie dream girl », ses références et ses contributions à la culture pop sont innombrables.
Sur le plan visuel, Scott Pilgrim demeure l’un des films les plus inventifs – rares sont les cinéastes capables de maîtriser à ce point les codes du comic et d’en intégrer le rythme et le langage dans un film en prises de vue réelles. Le style maximaliste de Wright atteint ici son apogée. Là où Hot Fuzz et Shaun of the Dead puisaient dans une imagerie préexistante, rendant possibles des hommages similaires, Scott Pilgrim reste à ce jour inimitable – à l’exception de Kick-Ass (2010) ou des films Spider-Verse, qui parviennent également à capturer le dynamisme et l’expressivité des comics avec virtuosité.
5. Le Dernier Pub avant la fin du monde (2013)
Bien que le troisième volet de la trilogie Cornetto, Le Dernier Pub avant la fin du monde (2013), soit éclipsé par les deux premiers, on n’y perd rien de la virtuosité de Wright, et le film offre un spectacle solidement divertissant. Le duo Pegg et Frost est de retour, cette fois accompagné de Paddy Considine, Martin Freeman et Eddie Marsan, pour incarner un groupe d’amis quadras qui se réunissent afin de réaliser une tournée de douze bars (un bar crawl) dans leur bourgade natale. Mais leur défi prend une tout autre tournure lorsqu’ils découvrent que le village est envahi par des androïdes et que les habitants ont été remplacés par des clones.
Le Dernier Pub avant la fin du monde puise aussi dans des thèmes tels que la nostalgie, les frustrations et les déceptions de l’âge adulte, ou encore la difficulté à assumer ses responsabilités – des thèmes très chers au cinéaste, qui résonnent aussi, d’une certaine manière, avec son obsession pour les mêmes types de personnages et de sujets. Bref, si vous avez déjà aimé les deux premiers volets de la trilogie, c’est sûr que vous ne serez pas déçu…
6. Baby Driver (2017)
Projet de longue haleine développé par Wright pendant deux décennies, Baby Driver (2017) a rapporté à Edgar Wright les plus grosses recettes de sa carrière. Film de braquage par excellence, il illustre l’habileté du cinéaste à créer un langage purement cinétique, où image, son et musique se répondent avec une précision remarquable. L’histoire suit Baby, un jeune chauffeur passionné de musique, qui travaille pour des bandes criminelles. Il décide de quitter le milieu après avoir rencontré la belle serveuse Debora, mais Doc, le chef du gang, est déterminé à ne pas le laisser partir.
Peuplé de personnages secondaires uniques et charmants, mais tous à moralité grise, Baby Driver plaira particulièrement aux fans du cinéma de Guy Ritchie, de Matthew Vaughn ou encore de la trilogie Insaisissables (2013–2025). Cependant, s’il y a un film d’Edgar Wright qui a quelque peu mal vieilli, c’est bien celui-ci. Sans entrer dans les détails, il suffit de rappeler que les accusations de violences sexuelles et sexistes visant ses acteurs principaux, Ansel Elgort et Kevin Spacey, ont certainement affecté la longévité du film…
7. Last Night in Soho (2021)
Avec Last Night in Soho (2021), Edgar Wright introduit à sa palette le film noir, mais c’est également l’œuvre dans laquelle le cinéaste réussit le moins, en grande partie à cause de son recours aux rêves lucides et aux visions hallucinatoires dans le récit. Le film repose sur les performances fascinantes de Thomasin McKenzie et Anya Taylor-Joy, dont les personnages se lient psychiquement à travers deux époques : le Londres contemporain et celui des Swinging Sixties.
Sur le plan visuel, bien que Wright inonde le spectateur de références à la mode et à la culture britannique de l’époque, on n’y retrouve plus ce charme lo-fi si caractéristique de ses films précédents. Déjà perceptible dans Baby Driver, cette tendance à la perfection rend toute l’imagerie de Last Night in Soho trop lisse, trop calibrée. La faiblesse la plus flagrante tient toutefois à sa représentation des politiques sexuelles – en particulier, son approche controversée de la figure de femme fatale. Cette provocation, sans doute guidée par de bonnes intentions – un peu comme Promising Young Woman (2020) d’Emerald Fennell – peut vous intriguer, mais je dirais simplement que Last Night in Soho n’est pas ma tasse de thé.
8. The Sparks Brothers (2021)
La même année que Last Night in Soho, Edgar Wright fait son entrée à Sundance avec son documentaire inventif sur Sparks, le groupe pop-rock composé des frères Ron et Russell Mael. Si vous êtes fan d’Edgar Wright mais que vous ne connaissez pas Sparks (ou l’inverse), The Sparks Brothers constitue une excellente occasion de découvrir comment deux visions artistiques – l’une musicale, l’autre cinématographique – se rencontrent et s’enrichissent mutuellement.
The Sparks Brothers (2021) mêle images d’archives et entretiens inédits avec les musiciens eux-mêmes, ainsi qu’avec de nombreux artistes tels que Jack Antonoff, Beck ou Giorgio Moroder. Wright s’amuse également à jouer avec les codes du documentaire classique. Même pour les seules séquences d’animation, qui illustrent certaines anecdotes, le film vaut le coup d’œil. Si le film vous a plu, vous pouvez faire un double programme avec Annette (2021), dont Sparks a signé la bande originale, ou encore Pavements (2024) d’Alex Ross Perry, un autre documentaire dont les choix stylistiques évoquent ceux d’Edgar Wright.
9. Running Man (2025)
En 2017 sur Twitter/X, Edgar Wright confessait que The Running Man était l’histoire à laquelle il rêvait d’offrir une nouvelle adaptation. Il faut dire que le Running Man (1987) porté par Arnold Schwarzenegger est finalement assez éloigné du roman original de Stephen King (publié en 1982 sous le pseudonyme de Richard Bachman), ne reprenant que son idée de chasse à l’homme télévisée dans un futur dystopique pour en faire un film de science-fiction pas très subtil aux costumes kitsch et aux décors limités… Voir le réalisateur britannique s’emparer de ce récit pour son premier blockbuster (110 millions de dollars de budget, tout de même) était donc une très bonne nouvelle.
Emmené par un Glen Powell enragé (son premier gros film en tête d’affiche), Running Man (2025) est, comme le roman, un road movie sous tension au cœur d’une Amérique contrôlée par les corporations, lancé dans un jeu mortel pour tenter de décrocher le grand prix qui sortira sa famille de la misère. Traqué par cinq tueurs impitoyables (et par la population qui peut dénoncer les participants), filmé par un dispositif de télésurveillance et de drones, il est notamment confronté à Josh Brolin en producteur cynique, Colman Domingo en présentateur showman et Lee Pace en mercenaire masqué. Lorgnant du côté du Prix du danger (1983) et de Minority Report (2002), le film devrait parler aux amateurs de thrillers d’action.











































































































