Le maître du cinéma gothique moderne Guillermo del Toro est enfin de retour avec ce qu’il décrit lui-même comme l’un des films les plus personnels de sa carrière : Frankenstein (2025), disponible sur Netflix.
Portée par Jacob Elordi dans le rôle du monstre et Oscar Isaac en Victor Frankenstein, la version du cinéaste est plus ancrée dans l'émotion et l’humanisme de la Créature. Cette adaptation tire en effet toute sa force de cette relation créature / créateur, père absent / fils abandonné à lui-même.
Même si la splendeur du film, qui résonne dans sa photographie, dans ses effets pratiques aussi bien que dans ses performances d’acteurs, méritait largement une sortie au cinéma à échelle nationale, ne passez surtout pas à côté de cette nouvelle adaptation de Mary Shelley à découvrir sur la plateforme de streaming.
Et si vous avez adoré ce Frankenstein version Guillermo del Toro et que vous souhaitez continuer à naviguer dans son univers fantasmagorique, JustWatch vous propose une liste regroupant tous ses films, dans l’ordre chronologique de leur sortie.
Cronos (1993)
Le premier long-métrage de Guillermo del Toro a récemment bénéficié d’une remasterisation en 4k, ainsi que d'une sortie au cinéma et en Blu-Ray 4k. Le réalisateur mexicain était d’ailleurs de passage à Paris courant 2025 à cette occasion, car il s’agissait d’une sortie inédite en France. Il a d'ailleurs récemment révélé au micro du Konbini Vidéo Club que c’est son très grand ami James Cameron qui l’avait, à l'époque, aidé à vendre Cronos (1993) et à trouver un agent pour le film.
Relecture du mythe vampirique, le film raconte l’histoire d’un alchimiste qui, au XVIème siècle, trouve le moyen d'accéder à la vie éternelle en mettant au point un objet ressemblant à un scarabée doré : le Cronos. L’objet refait surface de nos jours, chez un antiquaire qui va découvrir rapidement ses pouvoirs…
Mimic (1997)
Dans Mimic (1997), les cafards propagent une maladie s’attaquant surtout aux enfants. Cette maladie est étudiée par une entomologiste (une spécialiste des insectes incarnée par Mira Sorvino) pour créer, grâce à la génétique, une nouvelle espèce d’insectes susceptibles de s'attaquer au métabolisme des cafards pour parvenir à les éradiquer. Quelques années plus tard, les découvertes de la scientifique la rattrapent et les choses virent au cauchemar dans les tunnels du métro new-yorkais…
Le tournage de Mimic n’a pas été de tout repos pour Guillermo del Toro puisque le réalisateur, qui avait à l'époque été engagé par Miramax à la suite du succès de Cronos, n’a jamais pu réaliser le film qu’il voulait faire. En 2023 cependant, le réalisateur a sorti une director’s cut qu’il a décrit comme étant beaucoup plus proche du film qu'il avait en tête.
L’Echine du Diable (2001)
L’Echine du Diable (2011) est un film aux multiples facettes qui traverse plusieurs genres : historique, dramatique, gothique, horrifique. Ici, le réalisateur s'attaque réellement à des thèmes qui le suivront dans le reste de sa filmographie, et que nous retrouverons particulièrement dans Le Labyrinthe de Pan (2006). Le film se déroule pendant la guerre civile espagnole, et met en scène un jeune garçon envoyé dans un orphelinat catholique où ère le fantôme d’un jeune garçon.
L’Echine du Diable a été produit par les frères Almodovar via leur studio indépendant. Guillermo del Toro a révélé dans la préface de son livre Del Toro’s Devil's Backbone qu'après le tournage catastrophique de Mimic, le film l'avait guéri et lui avait permis de laisser s'exprimer toute sa créativité, son style et le lyrisme qui sont devenus sa marque de fabrique.
Blade II (2002)
Guillermo del Toro a souvent parlé de façon élogieuse du tournage de Blade II (2002), qui lui a permis de s’essayer aux super-héros et d'insinuer un peu de noirceur et de violence à un moment où les films de ce genre étaient légèrement plus édulcorés. C’est le scénariste et réalisateur David S. Goyer (Foundation, The Dark Knight, Man of Steel), qui était à l'époque déjà ami avec le cinéaste, qui a convaincu la société New Line d’engager le réalisateur.
Toujours emmené par Wesley Snipes dans le rôle du fameux « Diurnambule » mi-humain mi-vampire, ce second volet voit naître une nouvelle espèce, les Reapers, des créatures hors de contrôle et assoiffées d’hémoglobine qui menacent autant l'espèce humaine que les suceurs de sang. Blade doit donc faire équipe avec une escouade de soldats vampiriques d’élite pour éradiquer la menace…
Hellboy (2004)
Deux ans après Blade II, Guillermo del Toro sort sa deuxième adaptation de comics avec Hellboy (2004). Le réalisateur questionne à nouveau le concept d’humanité et de monstre, grâce à ce personnage à l’aspect démoniaque et imposant : pourtant, le anti-héros rouge créé par Mike Mignola est bel et bien l'incarnation de tout ce que del Toro cherche à raconter dans ses films, où ses « créatures » sont de êtres incompris et bien plus humains qu’il n’y paraît.
Le film commence en Ecosse, en 1944, alors que les Nazis essaient d’ouvrir un portail vers une autre dimension afin de remporter la guerre. C’est alors qu’un bébé démon surgit de ce portail pour être sauvé à temps par les Alliés. Plusieurs années plus tard, le démon a bien grandi : il est à présent incarné par Ron Perlman, devenu agent pour le Bureau de Recherche et de Défense sur le Paranormal.
Le Labyrinthe de Pan (2006)
Le Labyrinthe de Pan (2006) est LE film qui incarne la consécration de Guillermo del Toro au rang de maître de l’horreur et du fantasmagorique. Le long métrage a été récompensé par trois Oscars. Et lors de sa présentation au Festival de Cannes, il avait été ovationné pendant 22 minutes, un record pour le festival. Le Labyrinthe de Pan se déroule en 1944, alors que les Nazis ont envahi l’Europe et que les Franquistes ont pris le pouvoir en Espagne. La petite Ofelia et sa mère partent rejoindre le nouveau mari de cette dernière, un capitaine terrifiant et sadique qui a pour mission d'éliminer les maquisards de la région. Un soir, Ofelia se retrouve au cœur d’un labyrinthe dans lequel un faune lui annonce qu’elle est en réalité la réincarnation de la princesse Moanna…
Le Labyrinthe de Pan est l’un de mes films préférés de cette liste, et pourtant, je me souviens très bien du traumatisme que le premier visionnage m’a infligé ! C’est une œuvre d’une très grande violence -psychologique et physique-, mais comme toujours chez Guillermo del Toro, cela n’est jamais gratuit. Si, comme moi, vous êtes sensibles aux créatures horrifiques, le Pale Man (l’ogre blanc dépourvu d’yeux) vous hantera probablement pour le reste de votre vie.
Hellboy II: Les Legions d’Or Maudites (2008)
Guillermo del Toro retrouve Ron Perlman et son équipe d'agents très spéciaux dans Hellboy II: Les Légions d’Or Maudites (2008), lorsque Nuada, le prince des Elfes, décide de réveiller La Légion d’Or, afin de terminer une ancienne guerre contre les Humains et de reprendre le contrôle de la Terre.
Si cette suite avait été très appréciée par les fans à sa sortie, c’est pourtant la dernière fois que le cinéaste reprenait les rênes d’un film Hellboy. L'idée d’un troisième opus complétant la trilogie a longtemps été une option pour le réalisateur, son équipe, et particulièrement Ron Perlman qui a toujours été partant pour reprendre le rôle. Si un espoir renaît chaque fois que Perlman ou del Toro se prononcent sur l’avenir de la saga, les échecs des reboots Hellboy (2019) et Hellboy: The Crooked Man (2024) semblent avoir quelque peu compromis l’idée de voir un jour ce Hellboy 3.
Pacific Rim (2013)
En 2013, Guillermo del Toro s’essaye aux Kaijus, des monstres géants tirés du folklore japonais -Godzilla est le plus connu- pour réaliser Pacific Rim (2013), avec Charlie Hunnam et Idris Elba dans les rôles principaux. Dans ce film à mi-chemin entre le film de science-fiction et le film de monstres, les humains se retrouvent à combattre les Kaijus qui ont émergé de l'océan, grâce à d’immenses robots baptisés Jaegers, conçus spécifiquement pour venir à bout des monstres.
On peut très fortement ressentir l’influence des animé japonais -notamment dans la conception des monstres et des Mechas-, dont le cinéaste mexicain a toujours été un grand fan. Une suite est sortie en 2018, Pacific Rim: Uprising, que Guillermo del Toro n’a pas réalisé mais seulement produit, puisqu’il était déjà en train de travailler sur ses prochains projets.
Crimson Peak (2015)
En 2015, Guillermo del Toro retrouve son univers gothique et romantique avec Crimson Peak (2015) avec en tête d’affiche Mia Wasikowska, Jessica Chastain et Tom Hiddleston. Au, XIXème siècle à Buffalo, Edith Cushin aspire à devenir écrivaine. Alors qu’elle a toute sa vie ressenti une connexion avec l'au-delà et même avec les fantômes (dont celui de sa mère qui l’a toujours mis en garde contre un lieu du nom de Crimson Peak), elle rencontre le séduisant et énigmatique baron Thomas Sharpe. C’est le coup de foudre et Sharpe l'emmène dans son manoir… qui n’est autre que Crimson Peak.
Si Crimson Peak n’a pas convaincu la critique ni le public de façon aussi unanime que certains autres de ses œuvres, c’est surtout à cause du marketing du film, qui le vendait comme un film d’horreur, ce qu’il n'est pas du tout ! D’ailleurs, Guillermo del Toro a souvent évoqué ce problème, et je vous invite personnellement à revisiter cette proposition si vous non plus n’aviez pas été convaincu à l'époque. C’était mon cas, pensant que le film allait tenir plus de l’horreur que du gothique. En la reconsidérant comme une œuvre tout sauf horrifique, j’ai enfin pu apprécié le travail du réalisateur sur une proposition qui est probablement l’une des plus sous estimées de sa filmographie.
La Forme de l’Eau (2017)
C’est avec le chef-d’œuvre qu’est La Forme de l’Eau (2017) que Guillermo del Toro remporte ENFIN l’Oscar du Meilleur Réalisateur et du Meilleur Film. Dans ce conte merveilleux -même si très dur par moments-, il a injecté toute sa poésie et son lyrisme : il en résulte une histoire d’amour comme on en a rarement vue, entre une jeune femme muette employée comme femme de ménage dans un laboratoire gouvernemental pendant la Guerre Froide, et une créature amphibienne à l’apparence humanoïde.
La Forme de l’Eau marque également la sixième collaboration entre le réalisateur et l'acteur Doug Jones, spécialiste des monstres qui incarne ici la créature, et que del Toro avait auparavant dirigé dans Mimic, Le Labyrinthe de Pan ou encore Crimson Peak.
Nightmare Alley (2021)
Avec un casting cinq étoiles, incluant notamment Bradley Cooper, Cate Blanchett, Rooney Mara, Toni Collette, Willem Dafoe et Ron Perlman (avec lequel le réalisateur a déjà collaboré plusieurs fois), Nightmare Alley (2021) nous emmène dans un cirque forain des années 30 où Stanton Carlisle rencontre une galerie de personnages hauts en couleur, allant de Madame Zeena la clairvoyante, à Molly, une jeune femme qui semble pouvoir créer de l’électricité. Alors que Carlisle apprend les rouages du métier ainsi que les trucs et astuces pour tromper les gens qui viennent désespérément à sa rencontre, il voit ses ambitions grandir et dépasser ses capacités…
Ce film noir, qui verse dans le thriller psychologique, n’a pas nécessairement eu l’accueil qu’il méritait, ayant probablement souffert de la pandémie de COVID-19, comme beaucoup d’autres films à cette époque. Pourtant, je ne peux que vous recommander de le voir (d’ailleurs, il bénéficie même d’une version en noir et blanc sublime !). Il a tout de même été nommé aux Oscars 2022, notamment pour la statuette du Meilleur film et de la Meilleure photographie.
Pinocchio (2022)
En 2022, Guillermo del Toro sort sur Netflix l’un des projets qui l’a le plus passionné au cours de sa vie et de sa carrière, Pinocchio (2022). Ce film d’animation en stop motion reprend certains éléments du roman original de Carlo Collodi, mais situe l’action dans l'Italie des années 30, alors dirigée par Mussolini.
Avec un casting ahurissant qui inclut notamment Ewan McGregor dans le rôle de Criquet, David Bradley dans le rôle de Gepetto ou encore Ron Perlman, Cate Blanchett et Christoph Waltz, cette version s’apparente à un conte musical, avec dix chansons originales composées notamment par Alexandre Desplat (qui est devenu l’un des plus grands collaborateurs du réalisateur au fil des années) et Roeban Katz. Le film remporte l’Oscar du Meilleur film d'animation l'année suivante.











































































































