Un instinct implacable pour la chasse, une passion pour les trophées sanglants, une agilité venue d’ailleurs, un équipement ultra avancé, un masque mythique aux dreadlocks so cool : vous avez évidemment reconnu le Predator -ou Yautja, pour les puristes-, une créature qui a définitivement marqué la science-fiction depuis sa première apparition en 1987.
Déclinée en films, comics, jeux vidéo, jouets et autres produits dérivés, le monstre est depuis près de quarante ans au centre d’une saga de science-fiction incontournable, développée sous la bannière Fox puis Fox/Disney : Predator (1987), Predator 2 (1990), Predators (2013), The Predator (2018), Prey (2022), Predator : Killer of Killers (2025) et Predator : Badlands (2025). Sans oublier, bien sûr (ou hélas, selon vos goûts), les crossovers avec une autre franchise majeure : Alien vs. Predator (2004) et Aliens vs. Predator : Requiem (2008).
Au fil des films, le Predator, au départ aussi furtif que fascinant, est devenu de plus en plus central. Au point d’être aujourd’hui le héros de sa propre aventure, aux côtés de Elle Fanning. A l’occasion de la sortie (et du succès au box-office) de Predator : Badlands, JustWatch vous dévoile quelques anecdotes méconnues sur le monstre, histoire de faire de vous un vrai spécialiste en culture Yautja.
« Predator »… ou « Commando 2 » ?
Derrière Predator (1987), on retrouve le duo gagnant (et explosif) formé par Arnold Schwarzenegger et le producteur Joel Silver. Au moment où le scénario des frères Jim et John Thomas -intitulé Hunter- leur parvient, les deux hommes terminent Commando (1985). Et c’est ainsi que le safari extraterrestre est initialement envisagé pour nourrir un Commando 2 ! Si cette suite ne verra jamais le jour, on peut toutefois noter des similitudes évidentes entre John Matrix et Dutch Schaefer, les personnages campés par Schwarzie dans les deux films.
Quant à l’idée originale de Predator, elle s’inspirerait, selon la légende hollywoodienne, d’une blague qui circulait à l’époque dans les couloirs des studios US, imaginant que le prochain adversaire de Rocky Balboa après le colosse d'Ivan Drago (Rocky IV, 1985) ne pouvait être qu’un extraterrestre. Schwarzie étant le grand rival de Stallone à l’époque, c’est lui qui affronte au final la créature, insistant pour que l’histoire originale d’un seul soldat confronté à un monstre soit élargie à un film d’escouade pris en chasse par un tueur venu d’ailleurs.
La voix du Predator
Pour les besoins de Predator : Badlands (2025), une véritable langue Yautja a été imaginée par le spécialiste Paul Frommer, déjà à l'œuvre sur le dialecte Na’vi de la franchise Avatar de James Cameron (2009-). Si le chasseur Dek parle beaucoup dans le film, le Predator donnait déjà -un peu- de la voix en 1987, à travers notamment ses cliquetis et claquements devenus reconnaissables entre mille. Ces sons, on les doit à nul autre que Peter Cullen, légende du doublage outre-Atlantique notamment à l'œuvre sur les personnages de Optimus Prime (Transformers) et… Bourriquet (Winnie l’ourson). Oui, oui ! Le chef des Autobots, l’âne dépressif et le Predator ont la même voix ! Fou, non ?
Jean-Claude Van Damme en Predator ?
Quand le tournage de Predator débute en 1986, la créature a un tout autre design : celui d’un lézard insectoïde aux yeux jaunes et aux jambes arquées vers l’arrière, plus proche du méchant de sentai (les séries façon X-OR, Bioman et autres Power Rangers) que du chasseur stylé que nous connaissons.
Sous le costume, on retrouve nul autre que Jean-Claude Van Damme, engagé alors pour ses qualités martiales. Seulement voilà : le costume conçu par les spécialistes de l’atelier Boss Film Creature Shop n’est pas vraiment adapté à des prises de vues dans la jungle, son look n’est ni effrayant ni très maniable… et JCVD -frustré et mécontent d’être masqué- fait plutôt pâle figure à côté des gros bras que sont Arnold Schwarzenegger et son escouade.
Au bout de quelques jours, le comédien belge est remercié et le costume (pourtant proposé par le réalisateur John McTiernan) est relégué au cimetière des grands ratés du cinéma. Jean-Claude Van Damme ira briller dans Bloodsport (1988) et le Predator trouvera son design définitif chez Stan Winston et son incarnation chez le géant Kevin Peter Hall, 2m20, qui apparaît aussi à visage découvert à la fin du film en pilote d’hélicoptère. Il ne reste de cette première itération « vandammesque » du Predator que quelques images vraiment savoureuses.
Une « gueule de porte-bonheur » grâce à James Cameron
Quand le design original du Predator est écarté, Arnold Schwarzenegger suggère le nom de Stan Winston, génie des effets spéciaux avec qui il a tourné Terminator (1984) pour James Cameron. Et c’est lors d’un voyage en avion ensemble, pendant la production de Aliens, le retour (1986), que le cinéaste suggère à son collaborateur l’ajout de mandibules : Stan Winston s’empare de l’idée, qu’il incorpore au design tribal et à la puissance primale qu’il envisage pour le monstre. Le Predator est né !
Bienvenue au Val Verde !
L’action de Predator (1987) se déroule dans la jungle d’un pays fictif d’Amérique centrale, le Val Verde. Cette contrée couverte par une jungle tropicale inextricable a été initialement imaginée par le scénariste Steven E. Souza pour Commando (1985), à une époque où il était diplomatiquement préférable que le cinéma américain ne fasse aucune référence à de véritables états sud-américains. On retrouve par la suite le Val Verde dans d’autres œuvres de fiction, notamment 58 minutes pour vivre (1990). Techniquement, vous l’aurez donc compris : Commando, Predator et Die Hard se déroulent dans le même univers partagé ! Si, comme moi, vous êtes fan d’easter eggs, c’est une anecdote à replacer dans vos dîners pop.
Deux « Gouvernators » et demi au générique
Si on ne présente plus la carrière d’Arnold Schwarzenegger, qui l’a conduit des podiums de Monsieur Univers au sommet d’Hollywood et au siège de Gouverneur de Californie (2003-2011), un autre « Gouvernator » se cache dans Predator (1987). L’ancien catcheur Jesse Ventura, qui fait ses premiers pas au cinéma dans ce film armé de son célèbre et dévastateur minigun, deviendra ainsi Gouverneur du Minnesota entre 1999 et 2003. Un troisième membre de l’escouade d’élite a lui aussi failli accéder à cette fonction majeure : en 2003, Sonny Landham, alias le pisteur Billy, a ainsi brigué le poste de Gouverneur du Kentucky, sans succès.
Victimes de Alien, Predator et Terminator !
Les comédiens Bill Paxton, Lance Henriksen et Michael Biehn partagent tous les trois un honneur très rare à Hollywood : celui d’avoir été confrontés aux trois grandes créatures iconiques de la science-fiction que sont l’Alien, le Predator et le Terminator. Les trois comédiens apparaissent ainsi aux génériques de Terminator (1984) et Aliens le retour (1986), avant de côtoyer chacun leur tour le chasseur extraterrestre dans Predator 2 (Bill Paxton), Aliens vs. Predator (Lance Henriksen) et Killer of Killers (Michael Biehn).
Un univers partagé avec la saga « Alien »
Bien sûr, les crossovers AvP incarnent parfaitement cette notion d’univers partagé entre les deux franchises. Mais ils trouvent leurs racines dès Predator 2 (1990), quand un plan rapide du mur des trophées du vaisseau des chasseurs extraterrestres laisse apparaître le crâne allongé d’un xénomorphe de la saga Alien (1979) ! De quoi inspirer des comics et des jeux vidéo, avant de concrétiser le projet à l’écran quatorze ans plus tard devant la caméra de Paul W.S. Anderson.
Depuis, quelques liens plus ou moins connus ont été intégrés aux films via la compagnie Weyland-Yutani, représentée par Charles Weyland (Lance Henriksen) dans Alien vs. Predator (2004), Madame Y. (Françoise Yip) à la fin de Aliens vs. Predator : Requiem (2008) et dans The Predator (2018), Madame Yutani (Sandra Yi Sencindiver) intégrée à la série Alien : Earth (2025) et l’androïde campée par Elle Fanning dans Predator : Badlands (2025).
Cela aurait pu aller encore plus loin puisque deux fins alternatives de The Predator auraient respectivement dû intégrer les personnages de Ripley et Newt, survivantes de Aliens, le retour (1986) ! Et pour les plus fans, je vous recommande de jeter un œil à Batman: Dead End (2003), génial court métrage de fans qui confronte le justicier de Gotham City aux deux monstres.
Un lien avec « Independence Day » ?
Le réalisateur Dan Trachtenberg, nouveau showrunner en chef de la franchise Predator, envisage-t-il d’étendre l’univers à une autre saga majeure de science-fiction ? En effet, de la même façon que le mur des trophées de Predator 2 (1990) avait officialisé l’existence d’un univers partagé entre Alien et Predator, un crâne très particulier peut être aperçu dans le vaisseau de Dek dans Predator : Badlands (2025) : de forme aplatie et triangulaire, il rappelle beaucoup la forme des extraterrestres de Independence Day (1996) ! Simple easter egg ou ouverture vers un nouveau crossover, la question se pose légitimement. D’autant que la franchise ID4 appartient justement à Fox/Disney…
Trois premières hollywoodiennes
La saga Predator affiche à son palmarès trois premières hollywoodiennes notables. En 1990, Predator 2 est devenu le tout premier film à recevoir la classification « NC-17 » (interdit aux spectateurs de moins de 17 ans), nouvellement créée par la MPAA : pour éviter ce couperet qui l’aurait privé de millions de dollars au box-office, le film de Stephen Hopkins sera remonté en coupant certains plans trop sanglants ou explicites et c’est finalement Henry & June (1990) qui sera le premier à sortir en NC-17. Mais c’est bien Predator 2 qui a été proposé en premier pour le « NC-17 ».
En 2022, Prey a aussi marqué de son empreinte l’histoire du cinéma américain : le long métrage, tourné en anglais, est devenu le tout premier intégralement redoublé en Comanche, une version disponible sur Disney parmi les choix de langues.
Enfin, avec Predator : Killer of Killers (2025), les studios Disney signent leur tout premier film d’animation affublé d’une classification « R » (« Restricted », soit déconseillé aux moins de 17 ans non-accompagnés).
De soldat à réalisateur
Si vous connaissez bien Predator (1987), vous vous souvenez forcément de Hawkins, le spécialiste des communications amateur de blagues salaces (et première victime de la créature). Le soldat était à l’époque incarné par Shane Black, scénariste plébiscité de L’Arme Fatale (1987) et Le Dernier Samaritain (1991). Shane Black retrouve la franchise en 2018, en écrivant et en réalisant The Predator, qu’il souhaite alors inscrire dans la continuité narrative des deux premiers volets et des crossovers, comme en atteste la présence de nombreuses armes et artefacts des précédents films qu’on aperçoit dans la scène du laboratoire.
Tel père, tel fils !
Dans le cadre de cette continuité narrative, les fans de Predator 2 (1990) -j’en fais partie- ont bondi de leur siège façon Leonardo DiCaprio dans Once Upon A Time In… Hollywood (2019) en découvrant un personnage baptisé Sean Keyes dans le laboratoire chargé d’étudier les Yautjas dans The Predator (2018). Il s’agit en effet du fils du Peter Keyes, l’agent qui tentait de capturer la créature vingt-huit ans plus tôt (et qui avait très mal fini dans la scène de l’abattoir). Encore plus fort, Sean est incarné à l’écran par Jake Busey, le propre fils de Gary Busey, l’interprète de Peter. Voir deux générations se passer le flambeau « predatoresque », c’est beau.
Il était une fois un pistolet…
En parlant de passage de flambeau, un artefact semble prendre de plus en plus d’importance dans la mythologie de la franchise : le fameux pistolet à silex frappé de la mention « Raphael Adolini 1715 » sur une plaque de métal fixée sur le côté gauche de l’arme. Il était initialement offert à Danny Glover par un doyen Yautja à la fin de Predator 2 (1990), afin de saluer sa victoire contre l’un des leurs. Cette simple séquence suggérait alors que les créatures chassaient sur notre planète depuis -au moins- près de trois cents ans. Il faut attendre Prey (2022) pour revoir le pistolet, offert par Raphael Adolini (Bennett Taylor) en personne pour aider Naru (Amber Midthunder) dans son combat contre le Predator. L’arme réapparaît ensuite dans l’arène de Killer of Killers (2025), où elle est remise au pilote John J. Torre.
Une petite touche de « Stranger Things »
Si vous les avez reconnus, vous êtes TRÈS fort.es ! La voix des frères Matt et Ross Duffer, les créateurs de Stranger Things (2016-2025), peut être entendue dans Predator : Badlands (2025). Le réalisateur Dan Trachtenberg a en effet fait appel à eux pour doubler -en Yautja !- l’ordinateur de bord du vaisseau de Dek : un petit cadeau pour leur présenter ses excuses alors qu’il a dû abandonner la réalisation d’un épisode de la saison finale de la série Netflix, en raison d’un agenda surchargé par la production simultanée de Badlands et Killer of Killers, sortis à quelques mois d’écart cette année.
Bientôt un retour de Schwarzie ?
Depuis 1987, on espère plus ou moins secrètement un retour d’Arnold Schwarzenegger dans la franchise. A l’époque de Predator 2 (1990), le comédien avait décliné la proposition pour des questions d’agendas incompatibles (et de cachet ?) : son personnage de Dutch Schaefer n’était alors plus qu’évoqué au détour d’un briefing de Peter Keyes (Gary Busey). On pensait alors ce comeback impossible, ou tout du moins improbable.
Pourtant, en 1994, Robert Rodriguez imagine de rappeler le personnage dans un troisième volet qui aurait vu le soldat être enlevé et exploité sur la planète Yautja dans des combats de gladiateurs intergalactiques organisés par les Predators. Finalement remanié en chasse à l’homme dans la réserve spatiale de Predators (2010), le script voulait tout de même offrir à Schwarzie un petit caméo à la fin du film, félicitant les survivants vêtu d’une armure Yautja. L’idée n’aboutira pas, là non plus. Huit ans plus tard, c’est au tour de Shane Black de tenter d’organiser ce caméo dans The Predator (2018), en convoquant Dutch à la toute fin du film pour servir d’introduction à la suite qui lui aurait donné plus de place : l’acteur déclinera la proposition.
Il a fallu attendre 2025, et la fin rallongée du film d’animation Predator : Killer of Killers, pour voir Dutch, plongé en hyper sommeil dans un caisson Yautja, aux côtés de Naru (l’héroïne de Prey) et Mike Harrigan (le flic de Predator 2). Ça ne reste qu’une apparition animée, certes, mais adoubée par Arnold Schwarzenegger : est-ce que cela annoncerait qu’il reprendra les armes dans la suite de Badlands ?










































































































