« The Truman Show » : il m’a fallu 27 ans pour comprendre ce détail dans le film culte !

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Yoann Sardet

Yoann Sardet

Rédacteur JustWatch

Premier rôle dramatique de Jim Carrey, The Truman Show (1998) de Peter Weir fait partie de ces films qui ne prennent pas une ride. Un classique indémodable, et assurément un film parfait -ou pas loin de l’être en tout cas- dont on découvre de nouveaux aspects à chaque re-visionnage.

Basé sur un scénario visionnaire d’Andrew Niccol (Bienvenue à Gattaca, S1M0ne, Lord of War), qui a d’ailleurs inspiré un véritable syndrome psychiatrique, le long métrage nous présente Truman Burbank, honnête citoyen sans histoires de la charmante bourgade côtière de Seaheaven. Assureur la journée, il partage son temps libre entre sa femme Meryl (Laura Linney), son meilleur ami Marlon (Noah Emmerich) et son jardin.

Mais ce que Truman ignore, c’est qu’il est le personnage principal d’une émission de télévision, diffusée en continu dans le monde entier depuis sa naissance et qui le suit dans son quotidien à travers d’innombrables caméras cachées dans le studio qui accueille sa vie. Car dans cette vie, tout est faux, des décors aux habitants en passant par la météo. Tout, sauf lui.

De sa scène d’ouverture à sa réplique finale génialement cynique, The Truman Show est une oeuvre incroyablement prophétique (le film est sorti avant l’avènement de la téléréalité), totalement orwélienne (c’est Big Brother transposé au divertissement), profondément philosophique (comme Matrix, il revisite l’allégorie de la caverne de Platon) et totalement émouvante (comme les spectateurs de l’émission, on vibre pour que Truman retrouve sa liberté).

Bref, un chef d'œuvre que je revois une fois par an, et dont je découvre de nouveaux détails brillants à chaque fois, qui attestent de la méticulosité avec laquelle le projet a été conçu. J’en ai listé 24 (comme 24 images/seconde) dans cette liste JustWatch. Dont un élément qui m’a amené une toute nouvelle lecture du film, et que je vous partage à la toute fin de cette page. De quoi vous donner, je l’espère, envie de (re)voir le long métrage !

1. Le nom du héros

Dès le générique d’ouverture, qui n’introduit pas les comédiens et le réalisateur mais les personnages du programme ainsi que son showrunner, on découvre le nom de notre héros malgré lui, Truman Burbank, campé par Jim Carrey. Un patronyme qui ne doit rien au hasard : le prénom peut ainsi être décomposé en « True Man », où « homme vrai », Truman étant en effet le seul élément naturel et véridique de ce monde ; et Burbank renvoie au lieu où se trouve le gigantesque studio qui accueille Seaheaven, une ville du Comté de Los Angeles connue pour accueillir la plupart des studios de cinéma et de tournage hollywoodiens.

2. Les noms des personnages et des rues

Les noms choisis pour peupler et « habiller » ce monde n’ont pas non plus été choisis au hasard. Ils renvoient tous à des immenses talents du 7e Art : l’épouse Meryl (Laura Linney) évoque Meryl Streep, le meilleur ami Marlon (Noah Emmerich) rappelle Marlon Brando, l’âme sœur Lauren Garland (Natascha McElhone) est un mélange entre Lauren Bacall et Judy Garland, le nouveau love interest Vivien (Heidi Schanz) fait allusion à Vivien Leigh, le voisin Spencer (Ted Raymond) évoque Spencer Tracy… Il en va de même pour les rues et quartiers de Seaheaven : Bacall Plaza, Lancaster Plaza, DeMille Street, Brando Street… qui évoquent des légendes hollywoodiennes, comme si le programme proposait à ses téléspectateurs une reconstitution d’un Hollywood idéalisé.

3. « Mon petit clown »

Dans la scène de l’album photo, Truman revisite les clichés les plus marquants de sa vie avec sa mère et sa femme. Parmi ces photos, l’image amusante du jeune Truman déguisé en clown derrière les barreaux d’un escalier montre en réalité un être humain emprisonné dès son enfance pour amuser les téléspectateurs. La mention manuscrite « My Little Clown », a priori tendre et aimante, prend alors une toute autre dimension, beaucoup plus cynique et tragique.

4. Les salutations de Truman

Tous les matins, Truman salue ses voisins de la même façon : « Bonjour ! Et au cas où on ne se reverrait pas, une bonne soirée et une excellente nuit ! ». La version originale est plus précise (« Good morning ! And in case I don’t see you, good afternoon, good evening and good night ! ») et lui permet de saluer -sans le savoir- les téléspectateurs qui le suivent en  direct depuis les quatre coins de la planète, via des fuseaux horaires différents. Une phrase qu’on peut imaginer lui avoir été inculquée dès son plus jeune âge pour prendre l’habitude de s’adresser à toutes celles et tous ceux qui le regardent. Ses salutations finales, avec son salut théâtral, résonnent dès lors de manière encore plus puissante alors que le « petit clown » tire sa révérence.

5. Bienvenue à Seaheaven

La charmante bourgade de Seaheaven s’inspire des peintures de Norman Rockwell, connues pour leur dimension nostalgique, archétypale et communautaire de la vie américaine. Mais aussi de la véritable ville de Seaside, en Floride, érigée en 1981 et imaginée par les architectes Andrés Duany et Elizabeth Plater-Zyberk dans les codes du Nouvel Urbanisme avec ses bâtiments clairs, harmonieux, symétriques et gentiment désuets, et son ambiance lumineuse et conviviale. Les fondateurs de Seaside, Daryl et Robert Davis, apparaissent d’ailleurs dans The Truman Show, où ils incarnent un couple à une table de pique-nique observés par Jim Carrey. Le film a été, justement, en partie tourné dans les vraies rues de Seaside !

6. La devise de Seaheaven

Quand Truman se lance à la poursuite des ravisseurs du SDF dans lequel il a reconnu son père, il passe devant un fronton où figure la devise de la ville de Seaheaven : la locution latine « Unus pro omnibus, omnes pro uno », qui se traduit par « Un pour tous, tous pour un ». Un parfait résumé de la situation de Truman Burbank, qui est à la fois au centre de toutes les attentions des « habitants » (« tous pour un ») et en même temps celui qui est la source de leur succès, revenus et célébrité (« un pour tous »).

7. Des caméras visibles que vous n’avez (sans doute) pas vues

Selon Christof, plus de 5000 caméras sont déployées à Seaheaven pour capter tous les faits et gestes de Truman. Et on en devine certaines, notamment à travers cette mise en scène (géniale) de Peter Weir qui évoque continuellement  la publicité des années 50 avec ses décors sur-éclairés et les codes de la vidéosurveillance (auxquels adhère une audience planétaire qui accepte donc sans sourciller son propre voyeurisme). Mais d’autres caméras, pourtant très visibles, ont pu vous échapper.

Regardez les demi-cercles noirs sur les poteaux des ruelles, au-dessus du panneau publicitaire, sur les fenêtres du bureau de Truman, sur le panneau du port ou même sur la poubelle constamment portée par le voisin de Truman : autant de dispositifs plus ou moins camouflés dans le décor et les accessoires pour livrer la mise en scène la plus immersive de la vie d’un homme. Petite anecdote cinéphilique au passage : dans la régie, un écran porte le code de caméra A-0113, easter egg récurrent dans de nombreux films (chez Pixar, Disney et Marvel notamment) qui fait référence à une salle de classe de l’université Cal Arts qui a vu passer de nombreux talents hollywoodiens sur ses bancs.

8. Les placements de produits

Il ne vous aura pas échappé que le film met en scène des placements de (faux) produits assumés, portés essentiellement par Meryl (Laura Linney) et Marlon (Noah Emmerich). En effet, le Truman Show étant diffusé vingt-quatre heures sur vingt-quatre et sept jours sur sept pour ne rien rater de la vie de son héros, le programme ne peut intégrer de coupures publicitaires.

Dès lors, les publicités s’invitent dans le monde de Seaheaven à travers des articles présentés directement à la caméra (couteau multi-fonction, cacao en poudre, canettes de bière…), de l’affichage (le panneau publicitaire où deux potentiels clients plaquent Truman tous les matins), ou dans les décors (les costumes, accessoires et bâtiments sont des produits dérivés vendus aux téléspectateurs pour assurer la viabilité économique de l’émission).

Ça, vous l’aviez évidemment vu. Mais là où le film va plus loin, c’est que ces articles trouvent un écho dans les séquences du monde réel : la bière que Marlon ramène constamment à son ami Truman est ainsi servie dans le Truman Bar où les clients regardent l’émission ; la chemise de nuit grise portée par Meryl peut-être vue sur le dos des deux vieilles dames qui ne quittent jamais leur canapé ; une poupée à l’effigie de la femme de Truman est aperçue dans les mains d’une jeune téléspectatrice ; l’une des tenues de Meryl est portée par la téléspectatrice japonaise, de nombreux t-shirts et photos à l’effigie du héros apparaissent sur ou chez les téléspectateurs…

Quant au nouveau modèle de tondeuse Rotary évoqué par Meryl lors d’un échange avec Truman, il est intégré dans l’émission un peu plus tard, quand il tond son jardin pour la dernière fois ! Enfin, il y a un produit dérivé que j’aime personnellement beaucoup, et qui doit se vendre comme des petites pains dans le film : la loupe utilisée par la mère de Truman pour consulter l’album-photo, qui a une forme… d’écran de télévision.

9. Le comportement des figurants

On pourrait penser que certains habitants de Seaheaven jouent parfois un peu mal. Or, c’est totalement assumé ! En effet, le réalisateur Peter Weir intègre dans cet univers des comédiens plus ou moins bons, parfois dépassés par le comportement imprévu de Truman ou par sa simple présence (c’est la plus grande star du monde après tout).

Ainsi, l’homme au guichet du ferry se penche après le passage de Truman pour le regarder ; la petite fille dans le bus ne peut retenir son excitation d’apercevoir son héros ; et les deux policiers qui ont raccompagné Truman lancent des regards insistants depuis la porte pour mieux observer leur idole.

Si vous regardez bien, vous pourrez aussi voir des balayeurs qui ne balaient pas grand-chose, des vigiles qui manquent de sérieux dans leurs uniformes, des passants très robotiques dans leurs allées et venues, ainsi qu’un homme mystérieux aux ordres de la production qui file régulièrement Truman pour le surveiller. 

10. Des acteurs… qui ne savent pas faire grand chose !

L’intégralité de la population de Seaheaven étant composée de comédiens, ils/elles font essentiellement semblant quand ils sont à l’image. Regardez bien Marlon quand il charge le distributeur automatique : il passe son temps à installer et retirer les confiseries. Meryl et le personnel de la salle d’opération n'ont jamais reçu de formation médicale, et improvisent donc une amputation sur une figurante qui n’en demandait pas tant.

Lauren fait semblant d’étudier le japonais mais ne comprend pas un simple « Konnichiwa » lancé par Truman à la bibliothèque. Le conducteur de ferry, formé à conduire le bus (et à saboter la transmission pour empêcher le voyage de Truman vers Chicago), ne sait pas piloter le navire. Et l’employée de l’agence de voyage, qui ne pensait être qu’une figurante, se retrouve au premier plan face à Truman… au point d’oublier de retirer la petite serviette qu’elle portait durant son passage au maquillage !

11. La musique

La station de radio que Truman écoute tous les matins lorsqu’il se rend au travail ne diffuse que des morceaux de musique classique. Cela pourrait sembler anodin, mais là encore c’est un détail extrêmement révélateur : les grandes compositions classiques appartenant désormais au domaine public, cela permet au créateur de l’émission d’économiser un lourd budget ! Mais aussi de manipuler l’état d’esprit du héros en contrôlant la bande originale de sa vie. Et quand la production a besoin de morceaux spécifiques, elle fait appel à des musiciens installés dans la régie qui composent en direct directement sur les images. Parmi eux, on peut reconnaître Philip Glass (triplement nommé à l’Oscar de la Meilleure musique) dans un caméo discret.

12. L’âge de Truman

Le film débute le 10 909ème jour de la vie de Truman Burbank. On peut donc estimer que le personnage va sur ses 30 ans. Ce qui est confirmé par une assiette souvenir frappée de la mention « 30th Anniversary » qui trône à côté du téléviseur dans le Truman Bar. Et par l’anniversaire à organiser que Meryl et la mère de Truman évoquent pour que ce dernier ne les suive pas. Enfin, les plus attentifs auront pu noter que le journal lu par l’un des habitants de Seaheaven porte le numéro 10 765 : le quotidien est donc presque aussi vieux que Truman, ayant été lancé 144 jours à peine après la naissance du personnage.

13. « Tu ne voyageras point »

Comme le créateur de l’émission Christof (Ed Harris) l’explique durant son interview, la production a dû trouver des moyens d’empêcher Truman de quitter Seaheaven. C’est ainsi que le traumatisme de la noyade de son père a été mis en scène pour provoquer chez le héros une terreur totale de l’eau. Par la suite, on peut voir un chien agressif lui barrer le chemin de la jetée ou une institutrice rétorquer à ses désirs d’exploration que tout a déjà été découvert. Plus subtilement, je vous invite à regarder les différentes Unes de journal : « Seaheaven élue meilleure ville du monde » ou  « Qui a besoin de l’Europe ? » ! Là encore pour freiner les envies de voyage de Truman.

Le programme télévisuel qu’il regarde lui glisse, insidieusement, qu’il n’y a rien de mieux que rester chez soi avec ses amis. Les affiches placardées dans l’agence de voyage incitent à ne JAMAIS voyager (notamment cet hilarant poster d’un avion frappé par un éclair où l’on peut lire « Cela pourrait vous arriver »). Une carcasse de barque à moitié engloutie par les flots réanime le trauma de Truman quand il tente de prendre le ferry pour rejoindre un client à la demande de son supérieur hiérarchique (justement au moment où il retrouve son envie de partir aux Fidjis). 

Enfin, sur le panneau de signalisation posté à la sortie de la ville, à l’entrée du pont qui terrifie Truman, on peut lire « Vous êtes sur le point de quitter Seaheaven Island - Êtes vous certain que c’est une bonne idée ? ».

14. Un environnement contrôlé

L’incident technique de la pluie artificielle, qui se déverse uniquement sur Truman sur la plage, ou la tempête lancée par Christof à la fin du film pour faire sombre le voilier de notre héros, illustre le contrôle total que la production exerce sur Seaheaven. Avec des choix relevant de notions artistiques plus que scientifiques, comme cette Lune bien trop massive, ces arbres trop bien alignés, cette bouche d’évacuation à moitié couverte par un (faux) mur, ces ombres constamment absentes même en plein milieu de journée, cet ascenseur sans fond, ou la présence conjointe de la pleine Lune au zénith en plein coucher de Soleil.

Truman aurait aussi pu noter que l’éclair qui apparaît quand il est sur la plage éclaire la Lune ! De quoi donner quelques soupçons sur la véracité du monde qui l’entoure, quand bien même il est magnifique (Marlon adresse d’ailleurs une référence directe à l’adresse de Christof en observant le panorama : « C’est le Grand Manitou, il a un sacré coup de pinceau »).

15. Le projecteur

Dès le début du film, alors qu’une journée ordinaire commence pour Truman, il voit un projecteur tomber -littéralement- du ciel. Un incident que la radio (gérée par la production) explique en évoquant une chute de matériel depuis un avion défectueux, mais qui instille les premiers soupçons dans l’esprit de notre héros. Si vous avez vu le film, je ne vous apprends rien. En revanche, avez-vous remarqué la mention « Sirius 9 Canis Major » inscrite sur l’objet ? Elle renvoie à la constellation du Grand Chien, et plus précisément l’étoile Sirius, indiquant que ce projecteur est utilisé pour « allumer » l’astre le plus brillant du ciel nocturne.

16. La vitamine D

C’est un élément extrêmement révélateur, et qui n’apparaît pourtant que quelques secondes à l’écran : alors qu’il prend son petit-déjeuner, on peut apercevoir un flacon de gélules de vitamine D sur la table, à côté du bol de Truman. La vitamine D, nécessaire à une bonne tenue du système immunitaire et des os, est naturellement produite par le corps lors d’une exposition au soleil : or, Truman n’ayant jamais vu la lumière du jour (il vit depuis sa naissance dans le studio de Seaheaven), ces comprimés sont donc indispensables à sa santé. Une scène coupée du film montrait Meryl rappeler à son mari de bien prendre ses vitamines, et s’il ne reste dans le montage final que ce flacon certes discret, il raconte beaucoup de choses. Et notamment le cynisme d’une production prête à jouer avec la santé de son héros.

17. Le cynisme de la production

Non contente d’avoir fait de Truman le premier bébé adopté par une société de production, l’équipe derrière le programme affiche ainsi un cynisme total. Cela peut se voir dans les t-shirts portés par certains membres du staff de la régie (« Love Him, Protect Him ») alors qu’ils le gardent prisonnier et contrôlent sa vie, ses amours, ses émotions et ses traumatismes.

Mais il y a d’autres exemples : le lieutenant de Christof (joué par Paul Giamatti) consulte les petites annonces pour son prochain emploi, montrant qu’il sent la fin du programme sur le point de survenir ; Christof a pour ambition de suivre la première grossesse en direct en mettant sur le chemin de Truman un nouveau love interest portant le même pull rouge que Lauren ; une silhouette vient s’agenouiller discrètement face à Lauren la première fois qu’elle rencontre Truman, pour lui intimer de ne pas lui adresser la parole et briser le « eye contact ».

Et on n’oublie évidemment pas le « génie » Christof, vêtu comme un artiste de la Renaissance et qui protège férocement sa vie privée… tout en offrant au grand public celle de sa création.

18. La bague de Truman

C’est un détail qui vous aura inévitablement échappé au premier visionnage -c’était mon cas-, et qui pourrait sembler anecdotique. Pourtant, Truman porte tout au long du film une bague plutôt voyante (elle est surmontée d’une boule noire), seul souvenir qu’il a pu garder de son père disparu en mer. Or le bijou est -évidemment- une caméra miniature essentielle pour le programme, la plus proche possible du héros et qu’il ne quitte pour ainsi dire jamais. Je parlais de cynisme juste au-dessus : on peut aisément imaginer que la production a intégré cette relique au trauma du personnage pour s'assurer d'avoir une capacité de toujours filmer au plus près de lui... et de le suivre à la trace.

Mais dès lors, comment la production a-t-elle pu perdre sa trace dans la dernière partie du film ? Tout simplement parce que Truman a rendu la bague à son père quand il l’a retrouvé : on aperçoit en effet le bijou au doigt du comédien lorsqu’il participe à la battue en ville pour retrouver son « fils ». Débarrassé de cette balise, Truman peut désormais se lancer dans son voyage marin vers la vérité et la liberté… à bord d’un voilier baptisé Santa Maria, comme celui qui emmena Christophe Colomb vers le Nouveau Monde.

19. www.freetruman.com

Au moment de la sortie du long métrage, le studio Paramount Pictures avait mis en ligne un vrai-faux site internet appelant à la libération de Truman Burbank : http://www.freetruman.com/. Débranchée aujourd’hui, la page fait écho au combat mené par Sylvia (Natascha McElhone) dans le film, elle qui tente de dénoncer la situation de celui dont elle est tombée amoureuse. Dans la pièce où elle vit, on peut apercevoir plusieurs éléments qui illustrent sa lutte : un poster figurant le « petit clown » derrière les barreaux, le dossard porté par le parachutiste qui a tenté d’interrompre l’émission, ou encore un tableau où sont affichées les photographies des différents acteurs approchés pour tenter de les rallier à la cause ainsi que le plan de Seaheaven.

20. Messages cachés

La situation de Truman, condamné à tourner en rond et coincé tel un hamster dans une cage éternelle, est rappelée dans le film par le motif du cercle/de la sphère. La porte tournante qui mène à son travail, la scène du rond-point qui marque une prise de science du personnage, la chaise de bureau, le tourniquet du ferry, la balle de golf symbolisant une Terre dont on fait le tour pour revenir à son point de départ, la radio-globe, le badge « How’s it going to end ? ».… Autant d’éléments qui contribuent à illustrer le sentiment de claustrophobie dans lequel il est enfermé.

De même, le motif de la croix /du grillage, symbolisant l’emprisonnement, intervient plusieurs fois au cours du récit. Jusqu’à une évasion qui convoque alors les codes de la prison : le phare devient un mirador dont la lumière scrute l'obscurité, le calme de Seaheaven est interrompu par une sirène stridente et les membres du casting participent tous à une battue avec un bruit de pas martial.

21. Les absences de Marlon

Marlon a beau être le meilleur ami de Truman, son interprète a sans doute besoin de quitter Seaheaven de temps à autre pour retrouver la « vraie vie ». Cela peut se comprendre. Deux absences du personnage sont ainsi évoquées et justifiées quand les deux copains discutent autour d’une bière : une pneumonie qui l’a tenu éloigné de l’école pendant un mois, et un travail de livreur de poulet qui lui a permis de voyager à travers le monde.

Deux justifications scénaristiques que les auteurs du programmes ont imaginé pour expliquer à Truman l’absence de son ami, comme on le ferait dans une série pour une comédienne enceinte ou un acteur indisponible. De la même façon, Christof entend justifier l’absence du père de Truman par « l’amnésie », clin d'œil au raccourci narratif souvent utilisé dans les soap-operas à la télévision américaine pour faire revenir facilement d’anciens visages d’un programme.

22. Les larmes de Truman

A la fin de son deuxième tiers, The Truman Show propose une séquence très émouvante, qui voit Marlon tenter de ramener Truman à la raison. Guidé par Christof à travers une oreillette, il joue sur la corde sensible et sur la force de l’amitié qui les lie. Les larmes coulent dans les yeux de Truman, comme lorsqu’il retrouve son père disparu quelques instants plus tard. Au premier visionnage, on pourrait croire que le personnage est légitimement ému par la déclaration de son fidèle compère et par ces retrouvailles.

En réalité, il faut voir ces larmes comme une manifestation de la douleur que traverse Truman : il prend à ce moment précis définitivement conscience de sa situation, de la trahison de celui en qui il avait le plus confiance et de l’aspect factice de son enfance et de ses traumatismes. Et donc de sa vie. Comme Jack Slater (Arnold Schwarzenegger) réalisant, dans Last Action Hero (1993) que la mort de son fils n’est qu’une péripétie scénaristique imaginée pour donner du corps à son personnage.

Ce sont bien des larmes de détresse, terribles et profondes, qui viennent acter la prise de conscience de Truman.

23. Un réalisateur érigé en Dieu

La position omnisciente de Christof (rappelée dans le nom même de l’écosphère où se tourne le programme, baptisée « omnicam ») rappelle beaucoup celle d’un dieu, qui surplombe et dirige le monde qu’il a imaginé. Cela apparaît nettement à la toute fin du long métrage, quand il s’adresse directement à Truman depuis la régie lunaire camouflée par la lumière du soleil, telle une voix venue des cieux.

Mais on peut aussi noter que l'étymologie du prénom Christof signifie « porteur du Christ », tel Dieu qui engendra Jésus. A ce titre, la position de Truman lors de sa quasi-noyade (il émerge des flots les bras en croix) et ce plan iconique où il se dirige vers l’escalier en donnant l’impression de marcher sur l’eau, vont dans le sens d’une dimension quasi-religieuse dans la dynamique entre les deux hommes (dont les interprète, Ed Harris et Jim Carrey, ne se sont jamais rencontrés durant le tournage !).

Le numéro « 139 » qui barre la voile du navire renvoie d’ailleurs assurément au Psaume 139 qui, dans la Bible, évoque l’omniscience et la présence constante de Dieu vis à vis de sa Création. Mais je vais aller encore plus loin…

24. Ce que j’ai (enfin) compris lors de mon dernier visionnage

Dans The Truman Show, Christof a donc élaboré un monde parfait pour son « fils ». Un sanctuaire loin des horreurs, des mensonges et des contrariétés du monde comme il le dit lui-même. Une sorte d’Eden, en somme, dans lequel Truman est un ignorant heureux.

Cette idée de jardin paradisiaque (cultivé d’ailleurs consciencieusement par Truman dans plusieurs scènes) est rappelée par les différents motifs végétaux arborés par les personnages (dans l’ordre : un col fleuri, un col avec des marguerites, une chemise de nuit ornée de feuillages, une robe aux feuilles rouges, des cravates fleuries, un chignon fleuri, un chemisier avec des roses, une blouse avec des cerises…).

Le bracelet de Lauren (Natascha McElhone) -celle qui ouvre les yeux du héros en lui apportant la vérité et la connaissance- évoque la forme de petites pommes. Tout comme pull oublié par la jeune femme, rouge comme une pomme et conservé en boule par Truman comme une relique précieuse. Une boule rouge… comme une pomme rouge, celle que Eve fit croquer à Adam dans la mythologie chrétienne.

Le long métrage pourrait-il dès lors cacher une transposition moderne et télévisuelle de cet épisode biblique ? Eve/Lauren ouvre ainsi les yeux à Adam/Truman, sous le regard dépité de Dieu/Christof. La seule différence ici, c’est que le Créateur ne chasse par sa créature du Paradis : c’est Truman qui décide seul d’emprunter cette porte noire, symbole du passage vers le monde réel, laissant son Créateur seul dans un monde désormais factice, stérile et sans vie.

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  1. The Truman Show

    The Truman Show

    1998

    # 1

    Il est la vedette d’un show télévisé - mais il ne le sait pas. Jim Carrey a conquis à la fois les critiques et le public pour sa prestation inoubliable dans ce chef-d'œuvre de Peter Weir. Il interprète Truman Burbank, un homme dont la vie entière est un show télévisé - Ses moindres faits et gestes sont filmés à son insu par un créateur/réalisateur/producteur avant-gardiste : la ville entière est un immense studio de cinéma ; ses voisins, ses collègues, ses amis et même sa femme sont des acteurs professionnels d’Hollywood. Un jour pourtant, Truman se doute de quelque chose. Sa réaction face à cette découverte vous fera rire, pleurer et vous émerveillera comme aucun film ne l’a jamais fait.