C’est la petite surprise de ce début de mois de novembre. Un film inattendu émerge dans le top hebdomadaire des visionnages Netflix, aux côtés du thriller sous haute tension A House of Dynamite (2025) signé Kathryn Bigelow et de l’événement Frankenstein (2025) de Guillermo del Toro. Ce long métrage, c’est MaXXXine (2024) de Ti West.
Avec son affiche mi-glamour, mi-creepy, où une jeune femme -qu’on devine star de cinéma- sourit étrangement sous les projecteurs, MaXXXine fait partie de ces pépites horrifiques à qui la diffusion streaming donne une réelle deuxième chance. A peine 108 000 spectateurs avaient ainsi fait le déplacement pour découvrir le film au milieu de l’été 2024, et c’est une vraie belle nouvelle de voir cette œuvre A24 inclassable être enfin découverte par un public plus large.
Mais ce que les abonné.es ignorent sans doute, c’est que MaXXXine est en réalité le troisième chapitre d’une trilogie très particulière, imaginée par Ti West et son actrice Mia Goth autour du cinéma et de la quête de célébrité : le triptyque « X / XX / XXX », qui se compose ainsi de X (2022), son prequel Pearl (2022) et sa suite MaXXXine. Ce qui explique, vous l’aurez compris, ces trois XXX majuscules qui vous avaient peut-être légitimement intrigué dans le titre.
La force de chacun de ces films, c’est qu’ils peuvent être appréciés indépendamment des deux autres opus. Chaque titre est une proposition à l’ambiance unique, qui revisite un sous-genre du cinéma d’horreur, et qui déroule sa propre histoire. Toutefois, l'œuvre prend tout son sens quand elle est complète, aussi bien dans l’arc de Maxine Minx que dans les petites références aux deux autres longs métrages qui s’y glissent.
Personnellement, je dois l’avouer, j’étais un peu -beaucoup, en réalité- passé « à côté » en les découvrant séparément au moment de leurs sorties respectives. Mais quand je les ai revus d’une traite, j’ai pris conscience de la construction de la trilogie et du propos fascinant raconté à travers deux personnages qui se font écho, tous deux incarnés par une Mia Goth magnétique, touchante… et réellement flippante.
X et Pearl ne sont malheureusement pas disponibles sur Netflix, mais JustWatch vous liste toutes les plateformes de streaming et VOD où retrouver les deux longs métrages pour parfaire votre découverte de la trilogie. Un triptyque que vous pouvez regarder dans l’ordre de sortie (X / Pearl / MaXXXine) ou dans la chronologie de l’histoire (Pearl / X / MaXXXine). Pour avoir fait les deux, j’aurais même plutôt tendance à recommander ce visionnage, que nous détaillons ci-dessous.
Pearl (2022) - « Je ferais tout pour être à l’écran… »
Sorti après X -et initialement baptisé XX- Pearl a été tourné dans la foulée du chapitre central, en Nouvelle-Zélande, alors que la pandémie de COVID 19 mettait le monde en pause. Élaborée par Ti West et Mia Goth, l’histoire nous emmène en 1918, alors que Pearl, coincée dans la ferme familiale avec une mère autoritaire et un père invalide, attend désespérément le retour du front de son cher et tendre Howard. Dans ce quotidien monotone, qui l’empêche de briller, la jeune femme se rêve vedette de comédie musicale…
Le film est au croisement -aussi improbable que réussi- de l’esthétique de La Mélodie du bonheur (1965) et de l’ambiance malsaine d'œuvres comme Carrie (1976) ou May (2003), et apparaît comme un conte rural horrifique sur la frustration et le rêve brisé. Le monologue final puissant de « l’héroïne » raconte parfaitement cette quête inassouvie, gangrénée par le pourrissement d’une vie déjà écrite (représentée à l’écran par un porcelet rongé par les asticots). Au-delà de la ferme, le crocodile du lac ou la découverte d’un film pour adultes auprès d’un (pas si) charmant projectionniste (David Corenswet, futur Superman) rappellent par petites touches X, qui nous permet de retrouver Pearl soixante ans plus tard.
X (2022) - « Je n’accepterai pas une vie que je ne mérite pas ! »
Révélé par des films d’horreur comme The House of the Devil (2009) et The Innkeepers (2011), des segments de V/H/S (2012) et ABC of Death (2013) et des épisodes des séries Scream (2015-), Wayward Pines (2015-2016), Outcast (2016-2017) et L'Exorciste (2016-2017), Ti West se lance initialement, pendant la pandémie, sur un seul film baptisé X. Mais quitte à tourner à l’autre bout du monde et à bâtir un décor de ferme, autant rentabiliser la production en tournant deux films en un. C’est ainsi que X est élaboré simultanément à Pearl, évoqué précédemment.
Nous sommes en 1979, et une équipe de film pornographique (où l’on retrouve notamment Jenna Ortega) débarque dans une ferme texane isolée pour tourner The Farmer’s Daughters. Alors qu’ils filment leurs ébats, ils ignorent que l’exposition de cette jeunesse et de cette beauté vont déchaîner la jalousie et la rancune des propriétaires, un couple répondant aux doux prénoms de Pearl et Howard aux désirs trop longtemps refoulés. Lorgnant du côté du slasher rural façon Massacre à la tronçonneuse (1974) et de l’explosion des films X à la fin des années 70, le film confronte la jeunesse de Maxine à la vieillesse de Pearl, jouant sur le miroir entre ces deux personnages rongés par leur quête de gloire sous les projecteurs… Une proposition adoubée par Martin Scorsese en personne, grand supporter de X et plus largement de la trilogie de Ti West dans son ensemble.
MaXXXine (2024) - « T’es une p**** de star de cinéma ! »
Six ans plus tard, Maxine Minx -qui a donc survécu, mais vous le savez si vous avez commencé par ce film sur Netflix !- tente de réaliser son rêve à Hollywood. Nous sommes en 1985, et la comédienne, tout en poursuivant sa carrière dans le X, court les castings traditionnels alors que le « Traqueur de la Nuit » (un véritable tueur en série qui a sévi entre 1984 et 1985) hante les rues sordides de la Cité des Anges. La chance va lui sourire quand elle obtient un rôle majeur dans un film d’horreur, mais les morts vont se multiplier autour d’elle…
Déjà, MaXXXine -initialement baptisé XXX- brille par sa reconstitution du Los Angeles des années 80, qui offre un film dont le grain, les décors, les costumes et les looks donnent l’impression qu’il a été tourné à l’époque. Au-delà de cette immersion, le long métrage décline une ambiance entre le giallo, le slasher indé (on pense notamment à Maniac, 1980) et le snuff-movie, qui complète le parcours de notre starlette dans le cadre d’une Amérique qui traverse une nouvelle vague de puritanisme. Avec en bonus, un casting très solide (Elizabeth Debicki, Giancarlo Esposito, Kevin Bacon, Michelle Monaghan, Bobby Cannavale, Lily Collins...) et une scène dans la vraie maison du Psychose (1960) de Hitchcock ! La meilleure manière de conclure cette célébration de l’horreur et du cinéma.










































































































