Après les crimes sordides de Jeffrey Dahmer (Monstre, 2022) et l’affaire impliquant Lyle et Erik Menendez (Monstres, 2024), Ryan Murphy et Netflix dévoilent Monstre : L'histoire d'Ed Gein (2025), troisième saison de cette anthologie consacrée aux criminels les plus marquants. Charlie Hunnam y incarne ce fermier du Wisconsin, baptisé « Le Boucher de Plainfield ».
Outre-Atlantique, Ed Gein est une figure très connue : à la fin des années 60, après dix ans d’internement psychiatrique, il a en effet été reconnu coupable des meurtres de deux femmes mais également de vols de cadavres, lui qui fabriquait des costumes, masques, objets et ustensiles à partir de corps déterrés dans les cimetières. Dont notamment un ensemble à l’image de sa propre mère…
En France, si son nom est moins identifié -il le sera assurément après le visionnage de la série-, les personnages qu’il a inspirés sont, eux, des figures incontournables du cinéma d’horreur et de la pop culture. A l’image des terrifiants Norman Bates, Leatherface ou Buffalo Bill. JustWatch vous dévoile la liste des protagonistes les plus marquants nés dans l’ombre d’Ed Gein.
Norman Bates (Psychose)
Monument du cinéma, Psychose (1960) a marqué l’histoire pour son twist final et son iconique scène de douche, qui voit Marion Crane (Janet Leigh) succomber aux coups de couteaux d’une vieille femme dans la baignoire du motel où elle passe la nuit. Au-delà de cette séquence disséquée dans tous les cours d’analyse filmique, le film d’Alfred Hitchcock est le tout premier à s’inspirer de la figure de Ed Gein. La double personnalité de Norman Bates (terrifiant Anthony Perkins), la figure de la mère, la maison isolée, la taxidermie : autant d’éléments qui transposent à l'écran -sans déferlement de gore- la folie de Gein.
Une inspiration que l’on doit au romancier Robert Bloch, qui s’est directement inspiré du profil du monstre et de sa relation avec sa mère pour imaginer cette histoire dès 1959, qu’il situe d’ailleurs dans le Wisconsin à une cinquantaine de kilomètres à peine de Plainfield. Si des suites (Psychose 2, Psychose 3, Psychose 4) ont vu le jour pour des raisons mercantiles, ainsi qu’un remake plan par plan et en couleurs devant la caméra de Gus Van Sant (Psycho, 1998), je vous recommande surtout de prolonger le visionnage avec les 5 saisons de la série Bates Motel (2013-2017) portée par le tandem Vera Farmiga / Freddie Highmore, qui raconte la jeunesse de Norman Bates et sa relation toxique avec sa génitrice.
Leatherface (Massacre à la tronçonneuse)
Contrairement à ce que son titre laisse entendre -et à l’opposé de son gorissime remake par Netflix en 2022- Massacre à la tronçonneuse (1974) n’est pas un film très sanglant. C’est en revanche un long métrage viscéralement poisseux, devant lequel on se sent mal à l’aise. Et presque sale, pour tout dire. Car ici, ce ne sont pas tant les attaques de Leatherface qui sont marquantes (même si sa première apparition est terrifiante, comme la scène du croc de boucher) mais la folie totale qui baigne le long métrage, situé dans un Texas rural écrasant de chaleur où tout semble pouvoir arriver. Et où l’on pourrait disparaître sans laisser de trace.
Si l’histoire du tueur et de sa famille est née de l’imagination du réalisateur Tobe Hooper et de son scénariste Kim Henkel, la maison jonchée de cadavres, d’ossements et de bibelots morbides s’inspire directement du spectacle découvert par les enquêteurs lors de la perquisition de la ferme d'Ed Gein. Et la séquence du repas, qui confronte la pauvre Marilyn Burns à la famille dégénérée, est un moment qu’on n’oublie pas. J’en frissonne rien qu’en l’écrivant… Si vous voulez creuser la mythologie du tueur au masque en peau humaine, de nombreuses versions ont été proposées -avec plus ou moins de réussite- au fil des années, en 2003, 2006, 2013 ou 2017.
Ezra Cobb (Deranged)
L’aura légendaire de Massacre à la tronçonneuse (1974) a privé de la postérité un autre film sorti en 1974 : Deranged, sous-titré en français La véritable histoire d'Ed Gein. Une mention qui peut surprendre, puisque le personnage principal est ici baptisé Ezra Cobb. Campé par l’inquiétant Roberts Blossom (qui m’avait terrifié dans Christine et… Maman j’ai raté l’avion !), le tueur reprend tous les traits caractéristiques d'Ed Gein (sa relation à sa mère autoritaire, sa haine des femmes, le vol de cadavres, la création de costumes et compositions morbides…) en y ajoutant des personnages et des penchants nécrophiles.
Ce qui aurait pu n’être qu’un film de drive-in -ces séries B d’exploitation diffusées dans les cinémas en plein air outre-Atlantique pour faire frissonner les jeunes adultes- est devenu au fil des années une œuvre marquante du genre, grâce à son approche naturaliste et anti-spectaculaire, quasi documentaire (comme Henry : Portrait d’un Serial Killer, 1986). Ne cherchez pas ici un slasher divertissant : on est dans une horreur glaçante, qui nous confronte non pas à une créature fantastique mais à un monstre à visage humain né d’un homme brisé. A prolonger avec Ed Gein le boucher (2000) et Ed Gein: The Butcher of Plainfield (2007). A noter par ailleurs qu’un autre film d’horreur rurale inspiré de Ed Gein, Le Crochet du Boucher / Three on a meathook (1972), a vu le jour deux ans avant Deranged et Massacre à la tronçonneuse.
Frank Zito (Maniac)
C’est l’une des affiches les plus marquantes des années 80. Un poster que je regardais avec horreur et envie, mais que je n’ai jamais osé louer à l’époque. Les jambes d’un homme en jean ; dans sa main droite, un couteau de chasseur ; dans sa main gauche la chevelure ensanglantée d’une femme. Vous avez sans doute reconnu l’imagerie de Maniac (1980), classique du slasher 80’s signé William Lustig qui a ensuite été revisité par le trio français Franck Khalfoun / Alexandre Aja / Grégory Levasseur en 2012 dans un remake porté par Elijah Wood.
Maniac, c’est l’histoire de Frank Zito (Joe Spinell), un homme a priori sans histoires qui dissimule un passé de mauvais traitements administrés par sa mère prostituée. Habité de pulsions meurtrières et frappé d'hallucinations, il se met en chasse de proies féminines, dont il emporte la chevelure pour coiffer les mannequins entreposés chez lui de ces scalps sanglants. On retrouve une nouvelle fois ici, dans cette volonté d'exposer et converser avec des restes humains, la même déviance que chez Ed Gein. Et ça glace le sang. Très immersif, voire subjectif, le film a fortement marqué par son approche réaliste et sa violence extrême, préfigurant American Psycho (2000), Child of God (2013) ou The House That Jack Built (2018).
Buffalo Bill (Le Silence des Agneaux)
Bien sûr, Hannibal Lecter est LA figure centrale du Silence des Agneaux (1991), chef d'œuvre du thriller couronné par les 5 Oscars majeurs (Film, Réalisation, Scénario, Actrice, Acteur). Grâce à l’interprétation et au regard d’Anthony Hopkins et la mise en scène brillante de Jonathan Demme (aviez-vous remarqué que Lecter regarde constamment dans la caméra, sondant autant les spectateurs que Clarice Starling ?), le psychiatre-cannibale imaginé par le romancier Thomas Harris s’est installé au panthéon des immenses méchants de cinéma. Mais il ne faudrait pas occulter un autre personnage terrifiant du film : Jame Gumb alias Buffalo Bill.
Incarné par Ted Levine, ce tueur en série méthodique enlève des femmes qu’il séquestre dans le puits de sa cave avant de leur prélever des morceaux de peau afin de se confectionner un costume féminin. Passionné par les papillons (plus précisément les sphinx tête de mort), il est en quête de la métamorphose ultime qui fera de lui celle qu’il rêve d’être. Si on peut le voir aujourd’hui avec un prisme transphobe, Buffalo Bill a marqué l’imaginaire collectif, notamment avec sa célèbre danse sur Goodbye Horses. Également présent dans la série Clarice (2021-), il s’inspire de plusieurs serial killers : Ed Gein donc, mais aussi Ted Bundy (pour son modus operandi lors du rapt de ses victimes), Gary M. Heidnik (qui retenait des femmes dans une fosse creusée dans son sous-sol), le nécrophile Jerry Brudos et Gary Ridgway connu comme le tueur de la Green River.
Si vous avez aimé Le Silence des Agneaux, n’hésitez pas à regarder Seven (1995), Zodiac (2007), Copycat (1995), Bone Collector (1999) ou Le Collectionneur (1997). Sans oublier, bien sûr, toutes les adaptations figurant Hannibal Lecter : Le Sixième Sens (1986), Hannibal (2000), Dragon Rouge (2002), Les Origines du mal (2007) et la série Hannibal (2013-2015).
Garland Greene (Les Ailes de l’enfer)
Au milieu des années 90, avant d’enchaîner les direct-to-video et les rôles barrés, Nicolas Cage était une immense star. Couronné par un Oscar pour Leaving Las Vegas (1995), il devient un action-hero en enchaînant Rock (1996), Volte/Face (1997) et Les Ailes de l’enfer (1997). Dans ce dernier film, regard intense et chevelure au vent, il campe un ancien Ranger sortant de prison, qui retourne chez lui dans un avion de la Con Air, la division aérienne de la police fédérale. Ce vol qui devait être banal et promesse de liberté retrouvée va se retrouver perturbé par les criminels à bord, qui détournent l’appareil. Parmi eux, il y a Cyrus le Virus (John Malkovich), Diamond Dog (Ving Rhames) et un certain Garland Greene (Steve Buscemi)...
Ce personnage en apparence inoffensif est en réalité un redoutable tueur en série cannibale, baptisé « Le Boucher de Marietta ». Auteur de 37 meurtres « qui feraient passer Charles Manson et sa famille pour des enfants de chœur », ce psychopathe extrêmement intelligent et volontiers philosophe terrifie les autres passagers de l’appareil (même les plus endurcis) et se vante notamment d’avoir roulé pendant 1000 kilomètres à travers trois États « avec la tête d’une femme comme casquette ». Aussi, quand on le voit aller jouer à la poupée avec une petite fille et chanter He's Got the Whole World in His Hands avec elle, on craint pour la vie de l’enfant… Pour préparer le rôle, Steve Buscemi a étudié de véritables serial killers et a notamment intégré à son interprétation, aussi terrifiante qu’intrigante, des éléments de Ted Bundy, Ed Kemper, Jeffrey Dahmer, Charles Manson, John Wayne Gacy et Ed Gein, bien sûr. Bref, Garland Greene aurait eu toute sa place dans Mindhunter (2017-2019), assurément.
La famille Firefly (La Maison des 1 000 morts / The Devil’s Rejects)
Parallèlement à sa carrière musicale dans le metal, Rob Zombie touche (avec talent) au cinéma. On lui doit notamment une relecture des méfaits de Michael Myers (Halloween, 2007), un film de sorcière (The Lords of Salem, 2013) et une nouvelle adaptation de la série The Munsters (2022). Mais surtout, surtout, le diptyque La Maison des 1 000 morts (2003) / The Devil's Rejects (2005), ses deux premiers films qui imposent son style et son goût pour les personnages dégénérés. Ici, il s’agit des Firefly, une famille que deux couples d’adolescents vont avoir le malheur de rencontrer le soir d’Halloween 1977…
Ultra-violents et volontiers sadiques, le Capitaine Spaulding, Otis et Baby (Sid Haig, Bill Moseley et Sheri Moon Zombie) vivent dans une demeure terrifiante, sorte de freak show déviant et cannibale où les corps humains servent de nourriture, de décorations ou d’expériences. Bref, on est en pleine horreur rurale, nourrie par les méfaits de Ed Gein. Les amateurs du genre trouveront le film généreux et décomplexé dans son esprit grindhouse mêlant grotesque et torture, qui s’inscrit dans la lignée de Nuits de cauchemar (1980), La Colline a des yeux (1977) et son remake hallucinant (2006), ainsi que la franchise Détour Mortel (2003-2021) qui transpose l’imagerie de la famille dégénéré au fond des bois. A noter qu'un troisième film autour des Firefly a vu le jour en 2019 : 3 From Hell.
Dr. Oliver Thredson (American Horror Story S2)
Avant la série Monstre, le prolifique Ryan Murphy nous a offert de très nombreuses séries. Nip/Tuck (2003-2010), Glee (2009-2015), American Crime Story (2016-), Feud (2017-), Pose (2018-2021) ou 9-1-1 (2018-) figurent ainsi parmi ses créations, tout comme l’incontournable American Horror Story, dont les saisons anthologiques revisitent l’horreur sous toutes ses formes et tous ses genres depuis 2011, chaque fois dans un nouveau cadre et une ambiance différente. C’est ainsi que la saison 2, baptisée Asylum, nous plonge dans les murs de la clinique psychiatrique de Briarcliff…
(Attention, spoilers !) Parmi les soignants, il y a le Docteur Oliver Thredson (Zachary Quinto), le nouveau psychiatre de l’institut. Très différent du reste du personnel médical, il se distingue par son empathie, son calme et sa bienveillance. Une apparence qui cache en réalité son véritable visage : il n’est autre que « Bloody Face », le tueur en série qui terrorise la région. Il enlève et séquestre alors l’une des patientes, en qui il reconnaît sa mère disparue, et on découvre l’étendue de sa folie, lui qui dépèce des femmes pour se confectionner des masques et objets divers. Un goût pour la taxidermie humaine qui est directement inspiré de Ed Gein. Au-delà de ce personnage, cette saison 2, considérée comme l’une des meilleures du programme, brasse de nombreuses figures terrifiantes, entre démons, religieuses sadiques et médecins pervers. Et pour prolonger votre séjour à l’asile, je vous conseille Session 9 (2001),The Ward (2010) Grave Encounters (2011) et Asylum Blackout (2012).










































































































