Dans la grande famille du cinéma d’horreur, il y a PLEIN de sous-genres. Les zombies, les vampires, les monstres, les fantômes, les démons, les slashers, les cannibales, les found-footages, les giallos… Et il y a, plus rarement, des films qui vous proposent une autre perspective sur la peur.
A l’occasion d’Halloween, et parce que la plateforme Shadowz propose justement depuis de ce 31 octobre 2025 une nouveauté qui adopte justement cette approche originale, JustWatch vous a concocté un petit guide de pépites horrifiques ou fantastiques « pas comme les autres ». Je ne dis pas que vous aimerez tout, mais en revanche, vous n’aurez sans doute jamais vu quelque chose de tel. Alors tentez l’expérience ?
Good Boy (2025)
Cette nouveauté Shadowz, c’est Good Boy (2025), un film de maison hantée / possession vu à hauteur de chien. Un peu comme si Conjuring était vécu et raconté du point de vue du toutou du couple Warren ! En l'occurrence Indy, un magnifique retriever qui accompagne son maître dans le chalet familial, isolé au fond des bois : alors que son humain traverse une période difficile, Indy est le seul à voir qu’une présence maléfique rôde dans les murs et menace son maître…
Ce qui n’aurait pu être qu’un concept un peu « gadget » est une franche réussite. Pas tant en termes de trouille -même si l’ambiance est assez réussie- que pour sa narration à un mètre du sol. Et pour son héros à quatre pattes, le propre chien du réalisateur Ben Leonberg qui campe un personnage extrêmement crédible et touchant, qui voit le Mal se rapprocher inexorablement de celui qu’il aime le plus. 300 jours de tournage sur trois ans ont été nécessaires pour produire ce petit miracle de 1h12, qui impose Indy parmi les héros les plus marquants du cinéma d’horreur.
Presence (2025)
Et si la caméra devenait le fantôme ? C’est ce que Steven Soderbergh, jamais avare en expériences cinématographiques nouvelles, nous propose dans Presence (2025). Le réalisateur, palmé à Cannes pour Sexe, mensonges et vidéo (1989), raconte ici une histoire de revenant en adoptant son point de vue à travers une caméra « flottante », alors que cette présence, coincée entre les murs de son ancienne maison, voit une famille emménager dans la demeure. Elle s’attache particulièrement à la cadette de la famille (Callina Liang, vraie découverte), en grandes difficultés psychologiques depuis la mort de sa meilleure amie par overdose…
En lançant le film, je pensais découvrir Insidious ou L’Exorciste du point de vue du spectre/démon. Et donc une proposition horrifique par la perspective de l’entité tortionnaire. J’ai dès lors été surpris -et agréablement- par cette proposition qui ne verse jamais dans l’horreur mais plutôt dans le drame fantastique, alors que cette présence observe jour après jour la déliquescence d’une famille en crise et la menace insidieuse qui pèse sur la jeune femme. Une ambiance à la fois douce, triste et tragique en ressort, qui rappelle un peu Hypnose (1999) du même scénariste David Koepp.
In A Violent Nature (2024)
Vous connaissez forcément les slashers. Vous savez, ces films où un tueur -la plupart du temps masqué- poursuit et massacre implacablement et salement ses victimes -souvent adolescentes- avec des armes tranchantes ou contondantes. Depuis Halloween, la nuit des masques (1978), le genre s’est décliné dans d'innombrables sagas comme Vendredi 13, Les Griffes de la nuit, Scream, Souviens-toi l’été dernier, Terrifier… Dans ce type de films, le psychopathe est certes incontournable mais ses apparitions restent limitées à des moments très précis du récit, le transformant ainsi en figure insaisissable qu’on redoute autant qu’on l’attend avec impatience.
In A Violent Nature (2024) adopte une approche totalement inverse, puisque le long métrage de Chris Nash fait du tueur masqué son personnage central, que nous suivons dans ses déambulations forestières et ses crimes sanglants dans une mise en scène « à la troisième personne ». La caméra est comme accrochée derrière lui et l’accompagne tout au long de son errance meurtrière, avec pour seule bande originale les sons de la forêt, les bruits pesants de ses pas et les hurlements (et gargouillis) de ses victimes. Passé par le Festival de Sundance et Grand Prix du Jury au Festival de Gérardmer, In A Violent Nature est une expérience contemplative, immersive et expérimentale dont les fulgurances gores sont assez insoutenables (je garde un tête un meurtre contorsionniste à l'aide d'un crochet et d'une chaîne qui m’a vraiment marqué).
A Ghost Story (2017)
A Ghost Story (2017) n’est pas un film d’horreur en soi. Bien sûr, il s’inscrit dans le genre du film de fantômes, mais il en propose une vision totalement inédite, là aussi très expérimentale, mais surtout métaphysique et philosophique. On y suit donc un revenant (Casey Affleck, couvert d’un grand drap blanc), revenu « hanter » les murs de la maison qu’il partageait avec sa compagne (Rooney Mara). Pas pour lui faire peur mais comme si une force lui intimait de rester là, à ses côtés, dans une errance contemplative du temps qui passe désormais sans lui.
A Ghost Story frappe par sa proposition visuelle (le film est d’une beauté saisissante, comme sait si bien le faire le réalisateur David Lowery). Et par sa mélancolie. Il y a quelque chose à la fois fascinant et tragique d’accompagner ce fantôme dans ce voyage sans but entre passé, présent et futur. Un peu comme si Ghost (1990) rencontrait The Tree of Life (2011). Il ne se passe pas grand chose, et pourtant le long métrage raconte beaucoup sur nous. Il faut juste accepter de se laisser porter par l’expérience : je ne savais pas vraiment ce que je voyais en regardant le film, mais j’en ai gardé par la suite une trace indélébile. C'est, au passage, un très bon complément à Presence (2025), évoqué plus haut.
Les Autres (2001)
Attention, ce film comporte l’une des « fins qui tuent » les plus mémorables de l’Histoire du cinéma. Un dénouement qui se classe dans la même catégorie que ceux de La Planète des Singes (1968), L’Empire contre-attaque (1980), Usual Suspects (1995), Fight Club (1999) ou Sixième Sens (1999). Le genre de twist qui donne une toute autre vision du long métrage et qui bouscule toutes les certitudes que le spectateur a construites durant les deux heures précédentes. Bref, du grand art.
Il n’est donc pas dans mon intention de vous gâcher le plaisir. Sachez simplement que Les Autres (2001) baigne dans une ambiance unique et crépusculaire autour de Nicole Kidman et ses deux enfants, reclus entre les murs d’un manoir isolé maintenu dans l’obscurité. L’arrivée de trois personnes, engagées comme domestiques, va alors provoquer des événements de plus en plus étranges dans la demeure victorienne. Sans en dire plus, soyez certain.es que le film d’Alejandro Amenábar a définitivement sa place dans cette sélection qui brouille les approches, les visions et les perspectives.
Maniac (1980) / Maniac (2012)
La silhouette d'un homme qui tient un couteau dans une main et la chevelure blonde ensanglantée d'une femme dans l'autre : c’est l’une des affiches les plus marquantes des années 80. Un film que je n’ai jamais osé loué en vidéoclub à cause de ça, et que j’ai découvert tardivement. Heureusement, car Maniac (1980) est à réserver à un public averti. Le film de William Lustig nous entraîne en effet dans l’esprit dérangé de Frank Zito (terrifiant Joe Spinell), un homme qui traque et scalpe des femmes dans les rues de New York pour exorciser un trauma d’enfance lié à sa mère abusive.
Préfigurant l’approche de la série Netflix Monstre, qui nous fait entrer dans la tête de Jeffrey Dahmer (2022) et de Ed Gein (2025), le film propose certaines séquences à travers le point de vue de Zito. Son remake, emmené par Elijah Wood en 2012, va plus loin dans cette approche avec des scènes entièrement tournées en POV et évidemment assez très perturbantes. Si une plongée dans une folie malsaine ne vous fait pas peur, c’est un diptyque incontournable, extrêmement brut et beaucoup moins « fun » qu’un slasher ordinaire.
Ils (2006)
Le « home invasion movie » est un sous-genre récurrent du cinéma d’horreur. Popularisé par The Strangers (2008) ou American Nightmare (2013), il voit une menace extérieure s’introduire dans le cocon du domicile familial pour terroriser -et pire si affinités- les habitants le temps d’une nuit. En ça, le film français Ils (2006) n’invente rien. En revanche, le point de vue adopté par Xavier Palud et David Moreau est intéressant, puisqu’il s’attache à suivre uniquement les deux victimes, campées par Olivia Bonamy et Michaël Cohen.
Ici, on ne voit jamais la menace. On ne sait même pas si elle est réelle. Voleurs ? Esprits ? Hallucinations ? On ne le saura qu’au bout de 1h18. Mais plus que le twist, c’est l’expérience visuelle et viscérale qui compte ici, avec un grain numérique qui fait vivre le cauchemar au plus près des protagonistes. C’est en ça que Ils trouve à mes yeux sa place dans cette liste. Ce n’est sans doute pas le meilleur des films recensés ici, mais la proposition en fait une expérience particulière.
The House / Skinamarink (2023)
Une nuit de cauchemar racontée… comme un cauchemar ? C’est l'approche (très) expérimentale de The House / Skinamarink (2023), l’un des phénomènes indépendants récents outre-Atlantique. Le réalisateur Kyle Edward Ball y raconte la terreur vécue par deux enfants, alors qu’ils se réveillent pour découvrir que leur père n’est plus là, que toutes les fenêtres et les portes de leur maison ont disparu et qu’une présence mystérieuse semble s’être invitée dans les murs de leur maison…
The House / Skinamarink, c’est un peu la rencontre entre Blair Witch (1999) et le cinéma de David Lynch qui convoquerait les peurs enfantines. Et je préfère être clair : l’expérience laissera beaucoup d’entre-vous sur le seuil de la maison. Personnellement, je n’ai jamais réussi à entrer dedans, même dans le noir, alors que se succèdent des plans fixes de murs, de jouets, de meubles et d'écran de télévision dans une ambiance vraiment étrange. Je ne vais donc pas ici vous resservir la « hype » qui m’a conduit à regarder. Mais simplement vous dire que pour celles et ceux qui ont adhéré à la proposition, le cauchemar était visiblement au rendez-vous. J’espère que vous en ferez partie, car il n’y a pas deux films comme celui-ci.
Haute Tension (2003)
Aujourd’hui intégré dans le cercle très fermé des « Maîtres de l’Horreur » grâce à des films comme La Colline a des yeux (2006), Piranha 3D (2010) ou Crawl (2019), Alexandre Aja a mis tout le monde d’accord dès son deuxième long métrage. Haute Tension (2003), c’est un survival rural français qui voit Cécile de France et Maïwenn tenter d’échapper à un tueur aussi sordide que terrifiant (Philippe Nahon), qui écume la campagne dans sa vieille fourgonnette à la recherche de nouvelles victimes.
Comme pour Les Autres (2001), il serait cruel -et même criminel- d’en dire plus sur le long métrage, dont le dénouement ne manquera pas de vous surprendre. Car ce qui semble être, sur le papier, un slasher somme toute assez classique, est en réalité un film qui apporte une perspective inédite sur le genre. Et un cauchemar malsain et « craspec » qui ne manquera pas de plaire aux amateurs des french survivals Calvaire (2005), Sheitan (2006) et Ghostland (2018).
Derrière le masque (2006)
Personnellement, j’aime beaucoup les mockumentaries. Ces faux documentaires (également baptisés « documenteurs ») racontent de fausses histoires comme des vraies, à travers une approche brute et informative qui floute la frontière entre réalité et fiction. Le genre se décline souvent dans la comédie (je pense à Spinal Tap, Belles à mourir ou Vampires en toute intimité) mais il fait aussi des incursions dans l’horreur, comme dans le sous-coté Le Dernier exorcisme (2010) qui revisite la possession par ce prisme documentaire, ou Derrière le masque (2006).
Imaginé par Scott Glosserman, ce film suit une équipe de tournage qui part à la rencontre de Leslie Vernon, un tueur en série en devenir qui leur partage son quotidien, ses références (les légendes du slasher, forcément) et ses préparatifs en vue d’une prochaine tuerie. Le film est avant tout une satire méta sur l’horreur plus qu’un spectacle sanglant, portée par un Nathan Baesel perturbant. Le comédien s’est notamment inspiré de Ted Bundy pour donner une sympathie dérangeante à son personnage, sorte de cousin américain de C’est arrivé près de chez vous (1992).










































































































