Les anime ont cette capacité à trouver l'horreur là où on ne l’attend pas. Derrière les cris et les ombres se cachent souvent des récits bien plus profonds, qui interrogent la solitude, la perte d’identité ou la folie du monde moderne. L’horreur y devient miroir, métaphore ou poésie noire, révélant ce que l’humain préfère ignorer.
Des fantômes mélancoliques aux démons intérieurs, certains anime nous bousculent tellement qu'on aurait presque aimé ne pas les avoir vus et garder notre insouciance... et pourtant, on y retourne.
Ce guide JustWatch vous propose dix œuvres marquantes, parfaites pour Halloween, mais pas vraiment recommandées pour les enfants. Ici, la terreur prend mille visages – parfois étranges, d'autres fois terrifiants, toujours bouleversants. Chaque épisode vous invite à regarder la peur autrement.
Parasyte: The Maxim (2014–2015)
Avec Parasyte: The Maxim (1 saison, 24 épisodes), l’horreur s’invite dans le quotidien. Shinichi Izumi, lycéen sans histoire, voit son bras droit infecté par un parasite extraterrestre. Ce parasite n'est qu'un parmi des milliers qui tentent de prendre possession d'humains. Loin d’être un simple récit de science-fiction, la série s’interroge sur la cohabitation entre l’humain et le monstrueux, sur la frontière floue entre symbiose et déshumanisation. La tension grandit à mesure que Shinichi perd le contrôle, tandis que le parasite, froid et logique, observe nos émotions avec curiosité.
Plus métaphysique que sanglante, Parasyte évoque autant Tokyo Ghoul (2014) que Neon Genesis Evangelion (1995) dans sa manière d’examiner la peur de soi-même. C'est une série qui nous pousse à réfléchir sur notre propre humanité et notre rapport à la nature : et si nous étions les monstres de cette planète ? Que se passe-t-il lorsque nous ne sommes plus au sommet de la chaîne alimentaire ? Si vous aimez les récits où l’horreur s’insinue dans la morale et la chair, cet anime est un point d’entrée fascinant : il dérange sans jamais tomber dans le voyeurisme. On retrouve cette grande portée philosophique dans Psycho-pass (2012) que je ne peux que conseiller aux fans de Bourdieu ou de Foucault.
Jujutsu Kaisen (2020–)
Phénomène mondial, Jujutsu Kaisen (3 saisons en cours) explore un Japon envahi par des malédictions – incarnations physiques de la haine humaine. Yuji Itadori, lycéen ordinaire, devient le réceptacle d’un démon ancestral : Sukuna. Le ton est nerveux, l’action millimétrée, mais la peur reste omniprésente – celle de se perdre soi-même en combattant le Mal.
Plus énergique que Parasyte mais tout aussi angoissante dans son sous-texte, la série combine la tension de l’horreur japonaise et l’efficacité du shōnen d’action. C’est l’une des rares œuvres à concilier exorcisme, tragédie et humour sans perdre son intensité. L'action est vive et l'animation brutale et prenante. Les combats sont intelligents et d'une immense qualité, et s’imposent assurément comme l'une des plus grandes forces de cet anime. Jujutsu Kaisen est une série parfaite pour Halloween si vous préférez les démons spectaculaires aux silences pesants.
Hellsing Ultimate (2006–2012)
Hellsing Ultimate (10 épisodes) réinvente le mythe du vampire à la sauce militaire et gothique. Sous les ordres de l’organisation Hellsing, le redoutable Alucard traque les créatures de la nuit à travers une Europe crépusculaire. L’animation ultra-stylisée, le ton provocateur et les combats baroques en font une œuvre visuellement hypnotique, où la foi et la folie s’entremêlent.
Hellsing joue sur la démesure et la théâtralité. C’est un anime pour celles et ceux qui veulent de l’horreur flamboyante, sans compromis. Son mélange d’humour noir et de mystique sanguinaire rappelle Castlevania (2017), mais en plus excessif et plus nihiliste. Mais comment ne pas penser à Trigun (2018) lorsque l’on voit la grande tunique rouge et le pistolet démesuré ? Les deux anime sont certes très différents, mais les fans auraient tellement aimé un crossover…
Tokyo Ghoul (2014–2018)
Dans Tokyo Ghoul (4 saisons), Ken Kaneki, étudiant discret, devient malgré lui un hybride mi-humain mi-goule après une rencontre fatale. Le monde qu’il découvre est d’une cruauté glaçante : pour survivre, il doit consommer de la chair humaine. Cette métamorphose, lente et douloureuse, devient une allégorie de la différence et de la perte d’innocence.
Moins spectaculaire que Jujutsu Kaisen, mais plus viscérale, la série s’impose comme l’un des récits les plus bouleversants du genre. Et pour cause, elle prend aux tripes. L'anime pose la question de la coexistence de deux espèces, et de la "bonne" manière de vivre, y en t'il vraiment qu'une ? Tokyo Ghoul questionne la morale et la monstruosité sans jamais trancher. Comme Parasyte, Tokyo Ghoul sème le doute sur notre humanité que l'on pense acquise.
Dan da dan (2024–)
Avec Dan da dan (3 saisons), l’horreur et la comédie flirtent dans un chaos aussi drôle qu’étrange. L’histoire suit Momo, une lycéenne médium, et Okarun, un passionné d’ufologie (l'étude des extraterrestres), qui affrontent fantômes lubriques et extraterrestres délirants. Le ton est punk, coloré, imprévisible : une ode au bizarre. Soyez prévenu, ça part dans tous les sens, c'est souvent du grand n'importe quoi, mais sans jamais perdre le spectateur. Ici, on est dans un vrai délire occulte japonais, mais qui, derrière toute cette folie, nous permet de découvrir le folklore nippon.
C’est un anime pour celles et ceux qui aiment rire avant de sursauter. Dan da dan réussit là où beaucoup échouent : faire du surnaturel un bon moment de rires, sans jamais oublier la peur. Si Mob Psycho 100 (2016) ou Chainsaw Man (2022) vous ont séduit par leur folie visuelle, ce titre vous enverra encore plus loin.
The Summer Hikaru Died (2025–)
Annoncé comme l’un des futurs chocs d’horreur psychologique, The Summer Hikaru Died (1 saison, 12 épisodes) adapte le manga culte de Mokumokuren. Yoshiki découvre que son ami d’enfance, Hikaru, n’est plus tout à fait humain. Le mystère s’épaissit dans une ambiance moite et silencieuse, entre campagne japonaise, deuil impossible et une horreur qui plane sur toute l'histoire.
Loin du spectaculaire d’Hellsing, cette série privilégie la lenteur et l’intime. Le malaise vient de ce qu’on ne montre pas : un regard trop fixe, un mot trop calme. Et l’atmosphère ne fait qu'augmenter au fil des épisodes. Cet anime me laisse la même impression qu'un problème dans ma vie que je préfère ignorer plutôt que de le résoudre. Il séduira les amateurs d’horreur existentielle, à mi-chemin entre Les Autres (2001) et Perfect Blue (1998).
Paranoia Agent (2004)
Créé par Satoshi Kon, l’un des grands maîtres de l’animation japonaise, Paranoia Agent (1 saison, 13 épisodes) est un cauchemar collectif déguisé en enquête policière, où la paranoïa devient le fil rouge d’une société à cran. À Tokyo, une rumeur enfle autour d’un mystérieux adolescent qui attaque les habitants de la ville avec sa batte de baseball dorée. L’animation est d’une créativité incroyable et la narration part dans tous les sens mais est si bien construite, pour nous plonger dans l’inconscient d’une société épuisée par la pression et l’isolement.
Plus qu’un anime d’horreur, Paranoia Agent est une plongée dans la psyché moderne, où la peur devient contagieuse et se nourrit des mensonges. Chaque épisode réinvente le réel, nous laissant prendre part dans la folie collective présentée dans la série. Pour celles et ceux qui ont aimé Perfect Blue ou Death Note (2016), l’anime offre une expérience plus déroutante encore : l’angoisse sans explication, la folie partagée, et ce vertige qu’on ressent quand la réalité se fissure doucement. Pas besoin de monstres ici, car le monstre, c’est nous, le collectif et la folie qu’on accepte.
Devilman Crybaby (2018)
Signé Masaaki Yuasa, Devilman Crybaby (1 saison) adapte l’œuvre fondatrice de Go Nagai. Akira Fudo fusionne avec un démon pour combattre les siens, dans un déluge de violence et de beauté apocalyptique. Rarement un anime aura autant mêlé lyrisme, sexualité et désespoir. La violence en deviendrait presque belle, ce qui la rend d'autant plus déconcertante.
C’est une expérience cathartique, presque insoutenable par moments. Moins « effrayant » que tragique, Devilman Crybaby montre que l’horreur la plus puissante est celle du cœur humain. Je me souviens avoir été presque intimidé par cet anime qui en met plein la vue. Pour rester dans cette violence extrême, Berserk (1997) ou Claymore (2007) sont des incontournables du genre, avec une intensité dévastatrice.
Another (2012–2013)
Another (1 saison, 12 épisodes) débute dans une classe maudite : un élève oublié du registre, des morts mystérieuses, une atmosphère suffocante. Ce qui commence comme un mystère devient une spirale d’angoisse où chaque geste peut être fatal. L’esthétique réaliste et les silences prolongés renforcent le sentiment d’inévitable.
Souvent comparé à Destination Finale (2000), Another préfère le suspense à la violence gratuite. C’est une œuvre d’ambiance, un cauchemar feutré qui s’impose peu à peu. Ici, ce n’est pas le surnaturel qui crée l’horreur, mais bien la fragilité de la vie. Si vous aimez les intrigues d’école hantée ou les histoires à malédiction lente, celle-ci vous hantera longtemps.
Mononoke (2007)
Chef-d’œuvre de l’animation japonaise, Mononoke (12 épisodes), à ne pas confondre avec Princesse Mononoke (1997), suit un mystérieux exorciste, le « Vendeur de remèdes », qui traque des esprits nés des émotions humaines. Chaque arc raconte une nouvelle possession, dans un style visuel inspiré de l’estampe japonaise. La beauté formelle contraste avec la cruauté des récits, entre vengeance, culpabilité et honte.
Tout aussi spirituel que poétique, Mononoke explore la peur comme un rituel. Et c’est certainement l’un anime les plus beaux que j’ai pu voir. C’est un bijou visuel qui permet de raconter des histoires pleines de symboles et d’horreur ; une série à voir seul, dans le silence, pour en ressentir la lente montée mystique. Et c’est surtout une conclusion parfaite pour ce voyage d’Halloween : le frisson s’y fait art. Un film, qui peine à atteindre le niveau de la série, est sorti en 2024. Même s’il m’a légèrement déçu, je vous invite tout de même à le regarder : Mononoke, le film : Un fantôme sous la pluie (2024).










































































































