Non, les univers connectés ne se limitent pas aux super-héros ! Ainsi, parallèlement au Marvel Cinematic Universe des Avengers (2012), au DC Universe rebooté par Superman (2025) et au SpiderVerse tissé par Sony autour de l’univers de Spider-Man (2017), les studios Warner Bros. ont développé leur propre univers de monstres. Il s’agit du bien nommé MonsterVerse, développé depuis 2014 sous la bannière de la société Legendary Entertainment de Thomas Tull et son magnifique logo frappé de nœuds celtiques, promesse de spectacles épiques.
Comme son nom le laisse entendre, le MonsterVerse met en scène des créatures titanesques sur fond de destructions massives et de mythologies millénaires, dont les deux représentants les plus emblématiques sont Godzilla et Kong. D’abord introduits en solo dans des longs métrages à leur gloire, les deux monstres géants ont fini par se croiser dans des affrontements impressionnants, qui ont convié d’autres kaijus et fait trembler les salles de cinéma et le box-office mondial.
Alors qu’un nouveau chapitre est déjà en cours de production pour une sortie en 2027, JustWatch vous liste les films et séries qui composent le MonsterVerse, dans l’ordre chronologique de l’histoire.
Monarch: Legacy of Monsters (2023-)
Si MONARCH, la société chargée d’étudier les titans, tisse un lien et une continuité narrative entre les différents films du MonsterVerse, elle y est finalement assez peu explorée et détaillée. Jusqu’à la série Monarch: Legacy of Monsters (2023-), qui explore les coulisses et les secrets de l’organisation sur plusieurs temporalités et leurs observations des créatures géantes depuis les années 50. Cette découverte est vécue à travers les yeux d’une survivante de la destruction de Godzilla (2014) et de son demi-frère, qui se lancent sur les traces de leur père et des liens de leur famille avec MONARCH avec des allers-retours entre passé et présent…
Les fans de monstres pourraient être déçus -du moins frustrés- par cette série Apple TV+ qui mise surtout sur les protagonistes humains, laissant les titans en toile de fond malgré quelques apparitions marquantes. Les abonné.es qui veulent explorer la mythologie du MonsterVerse et de MONARCH seront en revanche ravis de découvrir une approche plus terre à terre et nuancée, qui raconte cette histoire à travers trois générations et notamment le regard de l’officier Lee Shaw (campé dans les années 50 par Wyatt Russell et en 2015 par son propre père Kurt Russell). Une filiation qui apporte un vrai plus aux épisodes, où apparaissent notamment John Goodman (au générique de Kong Skull Island) . Cette approche narrative -dont la saison 2 a été validée par la plateforme- devrait emballer celles et ceux qui ont apprécié les séries générationnelles comme Disparition (2002) ou Yellowstone (2018-2024) , ainsi que les amateurs d’organisations secrètes façon Les Agents of S.H.I.E.L.D. (2013–2020), Torchwood (2006–2011), Warehouse 13 (2009–2014) ou Sanctuary (2008–2011).
Kong : Skull Island (2017)
Si Gojira/Godzilla est le monstre le plus culte du bestiaire japonais, Kong est assurément son homologue américain. Le gorille géant, gardien mythique de la mystérieuse Île du Crâne, s’invite régulièrement sur les écrans depuis 1933, et notamment dans Kong : Skull Island (2017) qui voit une expédition scientifique encadrée par des militaires tourner court alors que le primate attaque les hélicoptères de transport. Éparpillés à travers l’archipel, les survivants (dont les « marvéliens » Tom Hiddleston, Brie Larson et Samuel L. Jackson) vont devoir affronter les innombrables dangers de Skull Island…
Godzilla (2014) nous emmenait vers le film-catastrophe : Skull Island lorgne pour sa part du côté du film de guerre -avec Apocalypse Now (1979) et Platoon (1986) comme références assumées- et le film d’aventures dans la jungle façon Predator (1987), Congo (1995), Anaconda (1997) et Jurassic Park (1993). On y retrouve aussi tout l’imaginaire pop et pulp du tout premier King Kong (1933), notamment dans le bestiaire préhistorique qui entoure le singe. Ce dernier -révélé très tôt dans le récit- retrouve sa posture bipède et tranche résolument avec la version plus animale (et romantique) proposée par Peter Jackson dans son King Kong (2005). Pour ces raisons, le film est finalement assez différent de Godzilla et fait écho, quelque part, aux deux natures opposées mais complémentaires des deux titans. Ce qui les relie ? La société secrète MONARCH qui étudie les kaijus au sein du MonsterVerse, notamment dans une scène post-générique qui annonce l'arrivée imminente d’autres créatures…
Skull Island (2023-)
Souhaitant élargir le MonsterVerse à une approche transmédias, les producteurs de Legendary Entertainment décident d’explorer plus en profondeur le bestiaire de l’Île du Crâne en collaboration avec Netflix, dans une série animée sobrement baptisée Skull Island (2023-). Le showrunner Brian Duffield (plutôt calé en menaces monstrueuses et surnaturelles comme l’ont prouvé Underwater, Love and Monsters ou Traquée) a pensé le programme comme un « Goonies au pays de Kong » en échouant un groupe de jeunes naufragés sur le dangereux archipel. Pour pouvoir quitter l’île dont les eaux sont gardées par un kraken, ils vont devoir faire appel à la force brute de Kong qui règne sur les terres…
Kong : Skull Island (2017) se déroulait dans les années 70, cette histoire entre aventure et survie prend place dans les années 90. C’est sans doute ce qui a justifié le choix d’une animation 2D, plutôt réussie, dont les coups de crayon rappellent l’épique Primal (2019-) de Genndy Tartakovsky. L’esprit est quant à lui à rapprocher de La Colo du Crétacé (2020-2022) dérivée de Jurassic World (2015) et Pacific Rim: The Black (2021-). Les créatures sont nombreuses et variées entre crabes géants, fourmis géantes, pieuvre géante, oiseaux géants, plantes carnivores géantes, chien géant, reptiles géants et autres « rampants » ! Sans oublier Kong, bien sûr, dont la présence reste relativement discrète jusqu'aux derniers épisodes où il peut enfin dévoiler sa puissance (et son émotion). Skull Island compte huit épisodes en saison 1, la seconde étant écrite et en attente d'un feu vert.
Godzilla (2014)
Immense icône japonaise depuis 1954, revisité par Hollywood à la fin des années 90, le roi des kaijus Godzilla est remis au goût du jour en 2014 devant la caméra de Gareth Edwards. Révélé par Monsters (2010), qui mêlait déjà spectaculaire et intime, le cinéaste confronte le monstre géant à deux autres créatures gigantesques et affamées de radiations entre le Japon, Hawaï et San Francisco, sous les yeux d’une distribution talentueuse et très « indé » où l’on retrouve Aaron Taylor-Johnson, Elizabeth Olsen, Ken Watanabe, Sally Hawkins, David Strathairn, Bryan Cranston et notre Juliette Binoche nationale. Sans oublier Alexandre Desplat à la baguette de la bande originale, dont la partition retranscrit magnifiquement l’aspect massif du titan.
Ce reboot, trentième apparition du kaiju qui sort pour les 60 ans de la franchise, surprend par son approche à hauteur d’hommes, qui se revendique du cinéma de Spielberg, notamment Les Dents de la Mer (1975), Rencontres du troisième type (1977) et La Guerre des mondes (2025) qui privilégient les personnages et distillent quelques touches visuelles d’envergure. Ce point de vue décuple (et magnifie) le gigantisme des créatures, et donne au final au long métrage des allures de film-catastrophe plus qu’un simple « film de monstres ». Il y aussi dans ce Godzilla la même ambiance rougeâtre et apocalyptique que celle qui accompagne les séquences du D-Rex dans Jurassic World : Renaissance (2025, également signé Gareth Edwards). Et bien évidemment, une vraie volonté de creuser des thèmes plus profonds, comme le premier Godzilla (1954) le faisait avec les blessures d’Hiroshima. Bref, une modernisation respectueuse et spectaculaire, entre le blockbuster et l’expérience immersive d’un Cloverfield (2008), qui pose la première pierre d’un univers plus large…
Godzilla II : Roi des Monstres (2019)
La séquence finale de Kong : Skull Island (2017) teasait la présence du ptéranodon Rodan, du papillon Mothra et du dragon à trois têtes Ghidorah. Godzilla II : Roi des Monstres (2019) tient ses promesses en conviant les trois titans (et beaucoup d’autres !) aux côtés du lézard géant, alors qu’un groupe écoterroriste met la main sur une technologie MONARCH capable de réveiller les différentes créatures sous la domination d’un « monstre zéro ». Son plan ? Éradiquer l’humanité et réinstaurer le règne des titans pour donner une nouvelle chance à la Terre. Le seul rempart contre l’annihilation totale va alors être le couple Godzilla / Mothra, roi et reine des monstres…
Plus de créatures, plus de personnages, plus d’enjeux, plus de d'intrigues secondaires, plus de combats, plus d’effets visuels : Godzilla II joue totalement la carte de la surenchère pour un spectacle qui ravira les fans de la saga originale (notamment les films Mothra vs. Godzilla, Ghidorah le monstre à trois têtes ou Les Envahisseurs attaquent dans les années 60) mais aussi les amateurs de bastons géantes comme Pacific Rim (2013) ou Rampage (2018). Le réalisateur Michael Dougherty assume un film très (trop ?) généreux, qui tranche avec son prédécesseur, le comparant à ce que Aliens (1986) avait été pour Alien (1979) avec plus d’action, de monstres et d’humour. Si on aime voir des créatures se taper dessus et faire tomber les buildings comme des châteaux de cartes, on en a pour son argent. Mais si on cherche de la subtilité, les 2h11 pourraient sembler un peu longues…
Godzilla vs. Kong (2021)
C’est le face à face que tous les fans attendaient, opposant deux combattants légendaires ! A gauche, un lézard géant au souffle nucléaire intronisé « roi des monstres ». A droite, un gorille gigantesque prêt à rivaliser pour le titre de titan suprême. Et au sol, les humains de MONARCH qui jouent les arbitres de cet affrontement au sommet, qui survient presque soixante ans après une première tentative sous la bannière du studio japonais Toho (King Kong vs. Godzilla, 1962). Dans Godzilla vs. Kong (2021), les deux colosses semblent irrémédiablement attirés l'un par l’autre pour déterminer qui dominera le monde, alors qu’une nouvelle menace mécanique émerge d’un laboratoire secret de la société APEX…
Annoncé à travers une peinture rupestre qui clôt Godzilla II : Roi des Monstres (2019), le duel entre Kong et Godzilla tient toutes ses promesses visuelles à travers des séquences ultra-spectaculaires sur un porte-avions ou dans une ville au rendu synthwave magnifique, qui rappellent beaucoup Pacific Rim Uprising (2018) et la saga Transformers. Et finalement, là où l’affrontement entre deux bestioles géantes aurait pu sembler stupide et vite tourner à vide, il trouve tout son sens au sein de la mythologie du MonsterVerse qui s’élargit encore en dévoilant la Terre Creuse, le monde souterrain et préhistorique d’où Kong est originaire. Le singe est d’ailleurs ici le vrai personnage central, et on s’attache à ce colosse aux poils grisonnants et au cœur tendre (sa relation avec la jeune Jia est plutôt touchante), qui offre plus d’ancrage émotionnel que ce cher Godzilla. Le point faible, comme dans Godzilla II, ce sont finalement des personnages humains assez peu développés dont l'intérêt scénaristique réside uniquement à dévoiler le complot autour de Mechagodzilla et à remplir des séquences « inter-monstres ». Comme dans Alien vs. Predator (2004) ou Freddy contre Jason (2003), on vient ici voir des créatures se taper dessus, et les protagonistes n’ont dès lors pas vraiment de densité…
Godzilla x Kong : Le Nouvel Empire (2024)
Ils étaient rivaux dans Godzilla vs. Kong (2021), il est temps pour eux de faire équipe dans Godzilla x Kong : Le Nouvel Empire (2024) ! Ce duo bestial n’apparaît toutefois qu’à la toute fin du long métrage (toujours signé Adam Wingard qui garantit une vraie unité de ton et d’approche visuelle), le temps pour l’intrigue de mettre en place une nouvelle menace planétaire. En l'occurrence celle incarnée par le tyrannique Scar King, un singe gigantesque et sadique qui règne sur une partie de la Terre Creuse et rêve de rejoindre notre monde pour le noyer sous un froid éternel grâce à un titan glacé qu’il tient en son pouvoir. Alors que Godzilla se recharge en surface en préparation de ce combat ultime, Kong explore de son côté son nouveau chez lui où se cache le mystérieux peuple Iwi qui attend la réalisation d’une prophétie majeure…
Kong a encore pris de la bouteille (on valide sa barbichette blanche !) et du muscle dans cette aventure en Terre Creuse, qui lui permet enfin de renouer avec ses semblables. Et on apprécie la découverte de cette nouvelle civilisation de primates géants, qui rappelle La Planète des Singes (2011) et dont la narration « non verbale » permet de suivre et comprendre les enjeux et les émotions uniquement à travers des postures, des regards et des hurlements simiesques. Comme dans le film précédent, les membres de la #TeamGodzilla risquent en revanche d’être frustrés par la présence réduite du lézard, même si certains plans (son gros dodo dans le Colisée !) restent mémorables. Côté humain, il y a du mieux avec un humour bienvenu (grâce au duo Brian Tyree Henry / Dan Stevens) et des enjeux resserrés sur un nombre réduit de personnages. Résultat, on embarque ici pour une expédition immersive vers un monde perdu, qui rappelle Voyage au centre de la Terre (2008), L'Âge de glace 3 (2009) ou les Disney Atlantide l’empire perdu (2001) et Avalonia, l'étrange voyage (2022). Avec, en surface, une action globe-trotter qui nous entraîne de Rome à Rio en passant par l’Antarctique et les pyramides d’Egypte.
Godzilla x Kong : Supernova (2027)
Le succès mondial de Godzilla x Kong : Le Nouvel Empire (plus de 570 millions de dollars de recettes en 2024) a validé de fait la poursuite du MonsterVerse. On retrouvera donc les deux meilleurs ennemis, désormais alliés, dans Godzilla x Kong : Supernova, actuellement en tournage et attendu en mars 2027 sur les écrans. Si l’intrigue est gardée secrète, le titre laisse présager une menace d’ampleur cataclysmique, venant soit des étoiles (d’où était arrivé Ghidorah, rappelons-le), soit du cœur de la planète comme le laisse entendre un premier teaser énigmatique dévoilant une manifestation de titan à Sedona (Arizona) d’où était issue l'arachnoïde Scylla dans Godzilla II (2019).
Il y a encore beaucoup de mystères et beaucoup de suppositions autour de ce sixième film donc… mais aussi, heureusement, quelques certitudes. Notamment une place plus importante accordée aux humains avec un casting de grande qualité où Dan Stevens reprend son rôle de Trapper, le vétérinaire rigolo et décontracté introduit dans le précédent opus, aux côtés de Kaitlyn Dever, Delroy Lindo, Matthew Modine, Jack O'Connell ou Sam Neill. Excusez du peu ! Derrière la caméra, Adam Wingard cède sa place à Grant Sputore, révélé par le film de science-fiction Netflix I Am Mother (2019), qui mettra en images un scénario co-écrit par Dave Callaham, auteur de l’histoire originale du Godzilla qui lança le MonsterVerse en 2014. Bref, une réunion de talents qui devrait offrir à nos deux titans préférés un nouvel écrin cinématographique à la hauteur de leurs immenses carcasses, alors que des spin-offs de la série Monarch: Legacy of Monsters sont également dans les projets de Legendary… et qu’on parle même d’un potentiel crossover avec l’univers de Pacific Rim. Qu’on se le dise, les fans de kaijus vont continuer à être gâtés !