Chaque année, on fait semblant de râler devant les mêmes comédies sucrées, kitsch et prévisibles... avant de finir par les revoir, chocolat chaud en main, avec un sourire coupable. Ces films de Noël sont tout sauf parfaits : trop criards, trop sentimentaux, parfois franchement absurdes. Et pourtant…
Il semblerait qu'on aime voir des scénarios écrits avec un grog de trop, écouter des musiques insupportables et voir des pulls moches portés par une Américaine qui rencontre son prince européen. C’est comme une overdose de sucre dont on sait qu’elle nous fera mal aux dents, mais qu’on ne peut pas s’empêcher d’avaler.
Ces cinq films incarnent mieux que n’importe quel classique la magie imparfaite des fêtes : celle qui sent la bûche industrielle et la nostalgie mélangée. On les critique, on les moque, mais ils nous rattrapent toujours. Même sur JustWatch ! Voici donc mes cinq films de Noël que je regarde religieusement quand arrive le mois de décembre.
Voisin contre voisin (2006)
Voisin contre voisin (Deck the Halls, 1h35) représente le chaos américain dans toute sa splendeur : deux voisins, interprétés par Matthew Broderick et Danny DeVito, s’affrontent à coups de guirlandes électriques, de mégawatts et d’ego surdimensionnés. L’un veut briller, l’autre veut dormir. Résultat : un concours d’illuminations digne d’une Guerre Froide version banlieue pavillonnaire.
C’est vulgaire, bruyant, avec une histoire sans la moindre importance, et pourtant c’est impossible à détester. Derrière ses gags lourdingues, le film capte quelque chose de vrai : cette compétition absurde qu’on retrouve chaque année entre voisins, familles ou collègues pour décrocher le titre officieux de « meilleur esprit de Noël ». C’est tout ce qu’on aime détester dans les comédies américaines : un désastre étincelant, qui en fait trop, mais très festif.
Le Père Noël est une ordure (1982)
Incontournable des fêtes françaises, Le Père Noël est une ordure (1h28) est sans doute le chef-d’œuvre du mauvais goût assumé. On y retrouve la troupe du Splendid au sommet de sa méchanceté, entre répliques cultes, situations absurdes et humour noir grinçant. Loin des bons sentiments, c’est une satire féroce d’un Noël sans magie, mais avec beaucoup d’humanité (et de folie). Comme un titre cité plus bas, on ne se vante pas de le voir et revoir, surtout qu'il n'a pas si bien vieilli. Mais à chaque revisionnage, je rigole à en recracher mon thé gingembre-cannelle. Une pépite.
Personne n’ose vraiment le qualifier de « film de Noël », et pourtant il revient chaque année sur les écrans. Peut-être parce qu’il dit tout de nos contradictions : le besoin d’amour, la solitude, et ce chaos organisé qu’on appelle « les fêtes ». Si Maman, j’ai raté l’avion ! (1990) célèbre l'ingéniosité de l’enfance, Le Père Noël est une ordure glorifie le désastre adulte, avec un humour inégalable.
La Course au jouet (1996)
Avec La Course au jouet (Jingle All the Way, 1h29), Arnold Schwarzenegger troque ses muscles contre un costume de papa débordé, prêt à tout pour trouver LE jouet que son fils veut à tout prix retrouver sous le sapin. Bagarres dans les magasins, files d’attente infernales, chaos consumériste : c’est la quintessence du stress des fêtes version 90s.
C’est absurde, cliché et bruyant, mais tellement attachant. Ce film capture une époque où Noël rimait avec hypermarchés et catalogues de jouets. Derrière son humour potache, il dégage une vraie nostalgie pour celles et ceux qui ont grandi durant cette décennie. À revoir pour Arnold en pleine panique paternelle et pour cette ambiance vintage qu’on ne retrouvera plus jamais.
La Princesse de Chicago (2018)
Le Christmas Cinematic Universe de Netflix mérite bien sa place ici. Entre La Princesse de Chicago (2018), A Christmas Prince (2017), L'Alchimie de Noël (2019) ou Un hiver plus doux (2023), ces romances interchangeables se déroulent toujours dans de faux royaumes enneigés d’Europe centrale. Décors en carton, flocons numériques, princes charmants en costume... et pourtant, impossible de décrocher. C’est tellement formaté qu’on se demande parfois si ce n’est pas une campagne de propagande pour promouvoir un idéal de Noël parfait ! Familles bienveillantes, villes toutes belles, sapins symétriques et bisous sous la neige : tout y respire une vision immaculée du bonheur, une morale universelle, où les États-Unis sauvent le monde à coups de cookies et de bons sentiments.
C’est films, c’est cliché, c’est (très) mauvais, et c’est le plaisir coupable par excellence. Ils fonctionnent parce qu’ils offrent une bulle de confort, sans cynisme, sans drame, où tout finit toujours bien. On sait exactement ce qu’il va se passer, et il n’y a absolument pas besoin de réfléchir, et c’est pour ça qu’on les aime (un peu). Si vous aimez Love Hard (2021) ou Noël tombe à pic (2022), vous êtes déjà perdu : Netflix a gagné la bataille de Noël.
Love Actually (2003)
Love Actually (2h15) est devenu au fil du temps le doudou sentimental des fêtes. Le film entrelace plusieurs histoires d’amour et de solitude dans un Londres préparant les fêtes, où ministres, rock stars et anonymes cherchent un peu de chaleur humaine. On le connaît par cœur, on se moque de ses intrigues invraisemblables, de ses clichés et de ses personnages caricaturaux, mais on finit toujours par craquer devant la scène des pancartes ou l’aéroport final. On adore la sensiblerie exacerbée et Hugh Grant en Premier Ministre qui tient tête aux États-Unis à cause d’un crush. Noël se fait ressentir intensément, le plaisir est là, et on finit par connaître ce film par cœur. Tellement, qu’on a presque honte de le dire.
Ici, ce n’est pas comme les visionnages annuels d’Harry Potter qu’on aime montrer sur les réseaux sociaux, mais plutôt un visionnage au coin du feu, qu’on ne va pas trop crier sur tous les toits. Dans Love Actually, Richard Curtis signe une déclaration d’amour aux imperfections humaines. Chaque histoire touche juste, même quand elle frôle le ridicule. Et c’est sans doute pour ça qu’on y revient tous les ans : parce que Love Actually nous fait croire, l’espace d’un instant, que Noël peut encore ressembler à un film.















































































































