« If there's something strange, in your neighborhood… » Vous connaissez forcément la suite de la chanson mythique de Ray Parker Jr., hymne des Ghostbusters depuis plus de quatre décennies. Cette équipe unique de chasseurs de spectres, rebaptisée SOS Fantômes en France, s’est déclinée au cinéma, à la télévision, en jouets et en jeu vidéo au fil des années, avec un univers immédiatement reconnaissable et un logo entré dans la légende.
A l’origine de la franchise, il y a le jovial Dan Aykroyd. Passionné de paranormal et figure du Saturday Night Live, le comédien planche sur une histoire ambitieuse de spécialistes de l’occulte lancés dans des aventures à travers le monde. Un véhicule parfait pour qu’il s’y amuse avec John Belushi, son compère des Blues Brothers (1980) et du SNL.
Le décès de son ami (à qui le verdâtre Bouffe-tout / Slimer rend hommage) et les contraintes budgétaires vont recentrer le projet vers une comédie familiale gentiment horrifique, qui intègre Bill Murray, Harold Ramis et Ernie Hudson à ses côtés pour endosser les combinaisons et les packs à protons de cette escouade fantastique, qui a indéniablement marqué la pop culture.
Sans les Ghostbusters, il n’y aurait sans doute pas eu Fantômes contre Fantômes (1996), Men in Black (1997), Evolution (2001), Zombieland (2009) ou Stranger Things (2016-2025). Ni de séries documentaires comme Ghost Adventures (2008-) et toutes ses cousines qui transposent la mission dans la vraie vie. JustWatch vous invite à (re)découvrir tous les films et séries liés à SOS Fantômes, dans l’ordre de leur sortie. Mais attention à ne pas croiser les effluves…
SOS Fantômes (1984)
A New York, les scientifiques Peter Venkman, Raymond Stantz et Egon Spengler perdent leur poste au sein du département Parapsychologie de l’Université de Columbia. Alors que les phénomènes inexpliqués se multiplient en ville, ils décident de se reconvertir en chasseurs de fantômes, qu’ils étudient et capturent grâce à leur équipement spécial. SOS Fantômes (1984), c’est LE film qui a tout lancé et un incontournable des années 80 qui a marqué toute une génération de spectateurs (je le regardais en boucle étant gamin, un aspirateur dans le dos en guise de pack à protons pour traquer les spectres de la maison avec mes frères et mes cousins !). Et aujourd’hui encore, c’est un indispensable pour un Halloween en famille réussi.
Les petits frissonnent devant les apparitions du fantôme de la bibliothèque ou de Gozer, et les grands se marrent devant le cynisme jubilatoire de Bill Murray ou les élucubrations comptables de Rick Moranis. Bien sûr, quarante ans après, le rythme est un peu old school et les effets visuels (pourtant révolutionnaires à l’époque) assez datés, mais c’est tellement bien, avec un équilibre parfait entre comédie et fantastique, et des trouvailles majeures (le corbillard ECTO-1, la caserne, le logo, le Bibendum Chamallow…) Bref, une vraie madeleine de Proust cinématographique qu’il est impératif de transmettre. En VF, si possible !
S.O.S. Fantômes / The Real Ghostbusters (1986-1991)
Dès sa sortie, SOS Fantômes (1984) est un triomphe planétaire : le film récolte près de 300 millions de dollars de recettes au box-office pour un budget 10 fois inférieur ! De quoi donner des idées aux networks américains pour poursuivre l’univers. Les effets spéciaux étant onéreux, les acteurs se faisant désirer et l’ADN de l’univers répondant finalement très bien à une logique « procédurale » (un épisode, une enquête), une adaptation animée fait sens. Et c’est ainsi que la série The Real Ghostbusters / SOS Fantômes (1986-1991) voit le jour.
Durant 7 saisons et 140 épisodes (et des segments spéciaux dédiés à Bouffe-tout / Slimer, devenu la mascotte du show), les enfants -comme moi- suivent avec plaisir la suite des aventures de l’équipe, déclinées parallèlement en comics et en jouets. Au-delà des fantômes constamment inventifs (et parfois effrayants !), la profondeur de l’écriture est plébiscitée car elle propose un vrai regard sur la psychologie des personnages. Du moins dans ses premières saisons, la série évoluant ensuite vers une approche plus enfantine. Loin d’être un prolongement mercantile, c’est un bon programme, comme ont pu l’être les adaptations des Tortues Ninja (1987-1996), Beetlejuice (1989-1991) ou Men in Black (1997-2001).
SOS Fantômes II (1989)
Quand je pense à SOS Fantômes II (1989), j’ai tout de suite en tête l’image très cool de la Statue de la Liberté en mouvement, pilotée par les Ghostbusters à travers les rues de Manhattan grâce à… un joystick Nintendo ! Un vrai régal pour le gamin que j’étais. J’ai aussi le souvenir de scènes assez terrifiantes comme le portrait possédé de Vigo des Carpates, la rivière de slime « négatif » qui coule sous New York, les têtes coupées dans les tunnels du métro ou les photos qui s’enflamment comme dans un film d’exorcisme : des séquences qui plaisent aujourd’hui plus à l’adulte que je suis devenu.
A l’image de ces deux approches finalement très différentes, on sent que cette suite ne sait pas trop sur quel pied danser ni à qui s’adresser… Renouer avec le film original ou toucher le public familial qui a adopté les Ghostbusters ? Clairement, le choix n’a pas été fait. Ajoutez à cela des difficultés de production côté coulisses avec un studio compliqué à manoeuvrer et des enjeux portant plus sur le cachet des comédiens que sur l’histoire, et vous comprenez mieux pourquoi ce second volet semble un peu « malade », du moins bancal ou inabouti. On est évidemment ravi de retrouver toute la bande (même Sigourney Weaver est revenue !), mais on se dit qu’il y avait tellement mieux à faire qu’une redite du premier film en moins bien. D’autant que l’échec du long métrage mettra la franchise live en pause pendant de nombreuses années…
Extreme Ghostbusters (1997)
Alors que la télévision aime régulièrement relancer ses séries porteuses à travers des reboots, la saga opte pour une suite directe à S.O.S. Fantômes / The Real Ghostbusters (1986-1991). C’est ainsi que Extreme Ghostbusters voit le jour en 1997, avec une nouvelle équipe de chasseurs de spectres réunis autour de leur mentor Egon Spengler, de la secrétaire Janine Melnitz et de la mascotte Bouffe-tout / Slimer. Le show dure une petite saison de 40 épisodes, stoppant hélas une proposition un peu plus sombre et mature et laissant des intrigues inachevées.
L’intérêt de Extreme Ghostbusters (1997), c’est de proposer de nouveaux personnages, tous les quatre plus modernes et inclusifs que les Ghostbusters originaux. Et un peu plus abîmés par la vie aussi, notamment le téméraire Garrett Miller, né paraplégique et contraint de se déplacer en fauteuil roulant. C’est aussi sa limite car on réalise rapidement qu’on aime autant SOS Fantômes pour son concept global que pour le légendaire quatuor Venkman / Stantz / Spengler / Zedmore (qui s’invitent dans quelques épisodes). C’est une série qui reste recommandable, notamment pour cette approche plus urbaine et ancrée dans la diversité qui en fait, finalement, un show en avance sur son temps.
S.O.S. Fantômes (2016)
Durant près de deux décennies, la franchise n’offre pas de nouvelles aventures. Seul un jeu vidéo (Ghostbusters: The Video Game, 2009) entretient la flamme. Et il faut attendre 2016 pour un retour de S.O.S. Fantômes sur grand écran, dans une approche étonnante : à l’heure où les franchises misent sur le legacyquel (dans lequel le casting original rencontre une nouvelle distribution), le réalisateur Paul Feig opte, lui, pour un reboot au féminin qui reprend le concept né trente ans plus tôt en remplaçant les quatre chasseurs de fantômes par quatre chasseuses.
Adoubées par Bill Murray, Dan Aykroyd, Ernie Hudson, Annie Potts et Sigourney Weaver (qui s’offrent chacun.e une sympathique apparition clin d’oeil dans des rôles différents), le quatuor Kristen Wiig / Melissa McCarthy / Kate McKinnon / Leslie Jones s’empare donc des packs à protons avec un humour décalé qui rappelle beaucoup Mes meilleures amies (2011). On est parfois à deux doigts du sketch façon Saturday Night Live, ce qui peut faire sortir du film, mais si on rentre dans le délire, cette bande est vraiment drôle. Tout comme Chris Hemsworth, à contre emploi en réceptionniste à côté de la plaque. Et même si on n’adhère pas à la proposition, le fan service est au rendez-vous et saura contenter les puristes. Avec toutefois un vrai bémol : un trop plein d’images de synthèse qui fait perdre l’authenticité de la franchise.
S.O.S. Fantômes : l’héritage (2021)
Malheureusement abîmé par la polémique inepte liée au changement de genre de ses personnages, S.O.S. Fantômes (2016) ne transforme pas l’essai au box-office. C’est donc la logique de legacyquel qui est adoptée sur S.O.S. Fantômes : l’héritage (2021) dont le titre atteste d’une continuité avec le diptyque original. Derrière la caméra, la filiation est également au rendez-vous puisque Jason Reitman, le propre fils d’Ivan Reitman qui avait signé les films de 1984 et 1989, prend la relève pour ce qui est présenté comme le vrai SOS Fantômes 3.
Comme dans Extreme Ghostbusters (1997), le lien se fait à travers le personnage d’Egon Spengler : désormais fantôme, il amène sa fille et ses petits-enfants à prendre la relève pour contrecarrer le retour de Gozer. Il y a dans ce film non pas la réinvention tentée par le reboot de 2016, mais une volonté de s’inscrire dans l’esprit des années 80, en conviant au passage les Ghostbusters originaux dans un final vraiment touchant. Tout en trouvant, au passage, son propre ton dans un univers rural très éloigné du macadam new-yorkais. Je n’en attendais personnellement rien, et j’ai été agréablement surpris par la proposition de Jason Reitman, qui rend ainsi un bel hommage à son papa -ici producteur- qui rejoindra l’au-delà quelques mois après la sortie du film…
S.O.S. Fantômes : La Menace de glace (2024)
Scénariste de S.O.S. Fantômes : l’héritage (2021), Gil Kenan coiffe la casquette de réalisateur sur S.O.S. Fantômes : La Menace de glace (2024). Cette suite directe revient à New York et, comme a pu le faire un Jurassic World : le monde d’après (2022), mélange les deux générations pour affronter une nouvelle menace paranormale. Les Ghostbusters originaux ont donc ici plus de place et côtoient Carrie Coon, Finn Wolfhard, Mckenna Grace et Paul Rudd. Et les Mini-Pufts, des Bibendum Chamallow miniatures qui avaient beaucoup plu aux fans !
Sur le papier, la réunion des générations est une belle idée. A l’écran, comme cela a été le cas dans les sagas Jurassic World ou Star Wars, le résultat n’est pas tout à fait convaincant. Trop de personnages et de fan service finit par nuire à l’ensemble, donnant à cette Menace de Glace le même sentiment d’inabouti que SOS Fantômes II (1989). Et le box-office en a pâti... On espère que la suite ne mettra pas un quart de siècle à nous parvenir, car au-delà de ses défauts, le film montre que les Ghostbusters ont encore de l’énergie (et de l’humour !) à revendre.











































































































