Un pneu serial killer, un homme à la recherche de son chien disparu, un spectateur qui interrompt une pièce, une victime de ripoux laissée pour morte qui se réveille… Les pitchs des films de Quentin Dupieux annoncent très vite la couleur : le quinqua français est un cinéaste à part, inclassable. Autant dans ses thématiques, souvent des comédies noires et/ou absurdes, que dans sa façon de créer.
Très prolifique, le metteur en scène a signé 15 longs métrages en moins de vingt-cinq ans, dont 6 sortis ces trois dernières années ! Un rythme de fabrication effréné lié à un besoin de produire vite pour ne laisser aucune idée au fond d’un tiroir. Dans son entreprise, il a su séduire la fine fleur du cinéma français, qui n’hésite pas à embarquer dans ses expériences cinématographiques.
JustWatch vous résume cette filmographie unique en son genre !
Nonfilm (2001)
Le premier film de Quentin Dupieux est un moyen métrage, Nonfilm (2001), qu’il a financé lui-même. Bien qu’il annonce les fondements de son esthétique absurde, le succès n’est pas au rendez-vous, mais le duo Éric Judor et Ramzy Bedia est séduit et participe à son premier long métrage.
Steak (2007)
Steak (2007) est une étrange proposition autour de deux jeunes subissant les diktats esthétiques farfelus d’une bande à laquelle ils veulent absolument appartenir. La rencontre entre Eric & Ramzy et Mr Oizo - le nom du cinéaste sur la scène électro-pop - est remarquée et inscrit le nom de Quentin Dupieux dans la liste des cinéastes à suivre.
Rubber (2010)
Rubber (2010) fait d’un pneu tueur en série et télépathe le personnage principal de son film tourné dans le désert californien, non sans rappeler Steven Spielberg et son premier filmDuel (1971), où un camion prenait pour cible un automobiliste sans que l’on ne voit jamais le conducteur au volant. Un vrai film d’angoisse qui part d’un postulat absurde ! Et comme un manifeste de toute la filmographie du cinéaste qui suivra, et qui se retrouve sélectionné au passage à la Semaine de la critique au Festival de Cannes.
Wrong (2012)
Continuant à tracer sa route dans le cinéma de l’absurde, Dupieux tourne ensuite Wrong (2012), sur un homme aussi perdu que son chien. Une comédie surréaliste dans un monde où rien ne fonctionne comme prévu. Plus attachant que provocateur, le film file la métaphore de la solitude et du besoin d’attachement. Un façon pour Dupieux de montrer qu’il est aussi capable de récits plus sensibles.
Wrong Cops (2013)
Avec Wrong Cops (2013), Quentin Dupieux met en scène un flic ripou face à une victime laissée pour morte… qui se réveille. Satire plus trash pour les amateurs d’humour noir, le film, porté entre autres par Éric Judor, est inégal mais la liberté du réalisateur reste totale et le résultat très irrévérencieux. À prendre comme un objet de curiosité révélant la face la plus extrême du cinéma made in Dupieux.
Réalité (2014)
Avec Réalité (2014), premier film qu’il tourne en France après avoir vécu dix ans aux États-Unis, Quentin Dupieux embarque Alain Chabat dans le rôle d’un réalisateur qui s’apprête à tourner son premier film d’horreur mais à qui le producteur pose une condition à son financement : trouver le meilleur gémissement de l’histoire du cinéma. Les frontières s’effacent entre rêve, réalité et fiction et le récit se construit comme un puzzle narratif qui donne à penser.
Au poste ! (2018)
C’est au tour de Benoît Poelvoorde de jouer un commissaire pour un long interrogatoire très bavard avec un suspect dans Au Poste ! (2018), un film plus accessible que les précédents qui plaira aux amateurs de comédies dialoguées et de mises en scène minimalistes (l'essentiel du film se déroulant dans une pièce du commissariat). Jusqu'à un final méta aussi absurde que savoureux.
Le Daim (2019)
Assurément l’un des films les plus connus de Quentin Dupieux. Dans le pseudo western montagnard Le Daim (2019), Jean Dujardin est obsédé par son blouson à franges qui, selon lui, lui donne un style de malade, au point de sombrer dans une folie obsessionnelle. Quand le narcissisme finit en eau de boudin, on penche vers l’humour noir, très noir.
Mandibules (2020)
Dans Mandibules (2020), deux pieds nickelés (Grégoire Ludig et David Marsais du Palmashow) décident de se faire de l’argent avec une mouche géante coincée dans le coffre de leur voiture. Le scénario est à pleurer de rire, et Adèle Exarchopoulos compose un rôle secondaire tout aussi hilarant, avec une diction approximative. Un film totalement loufoque.
Incroyable mais vrai (2022)
Dans Incroyable mais vrai (2022), un couple achète une maison avec un conduit permettant de voyager dans le temps. Leur quotidien bascule alors dans l’irrationnel et de cette idée simple naît un film fort et une réflexion sur le désir et les conséquences de nos choix, le tout avec un ton plus intime et introspectif que les précédentes productions.
Fumer fait tousser (2022)
Fumer fait tousser (2022) raconte l’escapade de la Tabac Force, un groupe de cinq justiciers (Gilles Lellouche, Anaïs Demoustier, Vincent Lacoste, Jean-Pascal Zadi, Oulaya Amamra) envoyés en retraite au bord d’un lac pendant une semaine. Ce délire super héroïque croisé avec le film à sketchs s’adresse à un public amateur d’humour décalé et de parodies déjantées. Aucune subtilité recherchée ici, on nage en plein chaos joyeux où chaque scène est une surprise.
Yannick (2023)
Yannick (2023) met en scène un spectateur qui interrompt une pièce de théâtre qui lui déplaît pour reprendre l’écriture et la soirée en main. Porté par l’incontournable Raphaël Quenard, cette farce interroge sur la place du public et la frustration face à l’art. Un film provocateur, drôle, qui tourne à la satire sociale.
Daaaaaali ! (2024)
Avec Daaaaaali ! (2024), Quentin Dupieux tente un biopic de l’artiste excentrique Salvador Dali, interprété par plusieurs acteurs. Il laisse libre cours à son imagination et restitue tous ses délires. La structure narrative se déploie en une série de tentatives d’interviews avortées, transformant le projet en un portrait cinématographique décalé. Absurde et expérimental cohabitent dans un joli écrin.
Le Deuxième acte (2024)
Critique méta du cinéma et du star-system, Le Deuxième acte (2024) excelle, porté par un casting prestigieux (Léa Seydoux, Vincent Lindon et Louis Garrel). Dans ce film brillant et impertinent passé par le Festival de Cannes, les cinéphiles trouveront leur compte, et les autres aussi, embarqués par des dialogues très percutants.
L’Accident de piano (2025)
Dans la continuité de son travail, Quentin Dupieux a imaginé L’accident de piano (2025) et continué à pointer sa caméra sur l’absurde de notre époque : Magalie (Adèle Exarchopoulos) se prend un piano sur la tête en plein tournage. Elle part se reposer à la montagne avec son assistant mais le calme est de courte durée car une journaliste arrive avec un scoop compromettant. Une vraie réflexion sur la superficialité.