Depuis sa projection en Compétition au Festival de Cannes en 2024 et son Prix du scénario, le film d’horreur The Substance (2024) fait beaucoup parler de lui.
Drame du genre body horror avec une bonne dose de féminisme, il met en scène une vedette d’émission d’aérobic, Elisabeth Sparkle, virée le jour de ses 50 ans, qui décide d’accepter la proposition d’un mystérieux laboratoire de s’injecter une « substance » miraculeuse pour devenir « la meilleure version d’elle-même ». Demi Moore et Margaret Qualley se partagent ce rôle entre deux âges, dirigées par la réalisatrice française Coralie Fargeat.
Si vous aimez ce genre de scénario, nous vous avons concocté un guide JustWatch pour découvrir 8 films aux histoires approchantes et touchant au corps, que vous pourrez regarder sur des plateformes comme Netflix, HBO Max, Prime Video et bien d’autres.
Black Swan (2010)
Entre Nina Sayers, la ballerine obsédée par la perfection, et Elisabeth Sparkle, la star vieillissante, la parenté est évidente. Dans Black Swan (2010), Darren Aronofsky filme le corps féminin comme un champ de bataille : la douleur physique devient le prix de l’extase artistique, la beauté cache une autodestruction lente. L’extrême contrôle de soi devient une impasse et les personnages perdent pied avec la réalité.
Le film explore, tout comme The Substance, la perte d’identité à force de chercher la version idéale de soi-même. Natalie Portman livre une performance viscérale où chaque entrechat semble une mue. Pour prolonger cette réflexion sur la métamorphose féminine, on peut revoir Perfect Blue (1997) de Satoshi Kon, chef-d’œuvre d’animation japonaise sur la perte de soi dans la célébrité, ou Whiplash (2014), autre variation sur le perfectionnisme destructeur.
A Different Man (2024)
The Substance interroge la transformation comme illusion du bonheur — A Different Man (2024) s’y plonge de plein fouet. Edward, atteint d’une malformation faciale, subit une chirurgie expérimentale censée lui offrir un nouveau départ. Mais lorsqu’il rencontre un autre homme qui porte son ancien visage, sa reconstruction vire au cauchemar identitaire.
Aaron Schimberg signe une œuvre grinçante, un drame satirique qui met en miroir la société du paraître et le vide qu’elle crée. Les deux films questionnent ce que signifie « être soi » dans un monde obsédé par l’image. Dans la même veine d’identité fragmentée, on peut citer Sous la peau (2013) de Jonathan Glazer ou Enemy (2013) de Denis Villeneuve.
Titane (2021)
Réalisatrice française comme Coralie Fargeat, Julia Ducournau a reçu la Palme d’Or à Cannes pour Titane (2021), cette histoire violente et monstrueuse mettant en scène Alexia, une criminelle accidentée dans son enfance, qui tente d’échapper à la police grâce à une fausse identité et en prenant l’aspect d’un jeune homme. Avec leurs personnages en marge de la société qui doivent surmonter des tensions internes insupportables, les deux films ont des traitements différents mais plusieurs points communs.
Les deux réalisatrices partagent en effet un goût pour la transformation extrême — celle du corps, mais aussi celle du genre et de l’identité. Si The Substance est une satire du culte de la jeunesse, Titane déforme la chair pour mieux montrer sa beauté inhumaine. À découvrir aussi : Grave (2016), premier long de Ducournau, où une étudiante vétérinaire développe une faim de chair humaine, ou Possessor (2020), autre métamorphose déroutante signée Brandon Cronenberg, le fils de.
La Mouche (1986)
Impossible d’évoquer la body horror sans citer La Mouche (1986), le classique du papa cette fois, David Cronenberg. Jeff Goldblum y incarne un scientifique transformé peu à peu en insecte après une expérience de téléportation ratée. Ce film, pionnier du genre, parle autant d’amour que de décomposition, de la peur de vieillir que de la perte d’humanité.
Comme The Substance, La Mouche explore le rêve de la transformation « parfaite » qui vire au cauchemar biologique. Les maquillages, encore impressionnants aujourd’hui, participent à cette fascination du corps en mutation. Dans le même esprit, on pourra aussi voir Videodrome (1983) ou La Mouche 2 (1989), ou encore Tetsuo (1989), mutation mécanique ultraradicale.
The Thing (1982)
Du côté de la perte de contrôle, il faut mentionner The Thing (1982) de John Carpenter qui raconte l’histoire d’une équipe de chercheurs en Antarctique confrontée à une entité extraterrestre capable d’imiter parfaitement les formes de vie qu’elle rencontre. Qui est qui ? La paranoïa est à son comble.
Là où The Substance explore la dualité entre deux versions d’une même femme, The Thing pousse le concept à l’extrême : l’altérité totale. Le film, véritable leçon de tension et d’effets spéciaux organiques, illustre la peur viscérale de la contamination du corps et de l’identité. À rapprocher de L’invasion des profanateurs (1978) et de Sous la peau (2013), pour leur angoisse de l’autre.
La mort vous va si bien (1992)
Dans La mort vous va si bien (1992) de Robert Zemeckis, Meryl Streep et Goldie Hawn tentent d’inverser la courbe du temps en consommant un filtre de jouvence qui va les mener à des situations extrêmes. Entre satire sociale et comédie macabre, le film fait écho à The Substance sur un ton bien plus léger.
Zemeckis se moque ouvertement du culte de l’apparence et de la peur du vieillissement, thèmes centraux du film de Fargeat. Le tout est servi par des effets spéciaux impressionnants pour l’époque et un humour féroce. Pour prolonger cette veine de satire morbide : Brazil (1985) pour sa critique des normes esthétiques, ou Les Femmes de Stepford (1975) et son remake Et l'homme créa la femme (2004), autre vision cauchemardesque de la perfection féminine.
Annihilation (2018)
Annihilation traite plutôt des mutations dans un cadre environnemental futuriste très inquiétant. Alex Garland imagine ici une apocalypse fascinante (et très fleurie) : une biologiste (Natalie Portman) pénètre dans une zone contaminée où tout — faune, flore, humain — se transforme. L’horreur de The Substance s’y retrouve, mais transposée à l’échelle du vivant : le corps devient terrain de mutation et métaphore de la perte de soi.
Visuellement sublime, Annihilation joue sur la beauté inquiétante du changement. À voir aussi : Ex Machina (2014), autre réflexion de Garland sur la création et le corps artificiel, ou Color Out of Space (2019), adaptation de Lovecraft sur la déformation de la réalité.
Hellraiser : le Pacte (1987)
Hellraiser : le Pacte (1987) clôt magnifiquement cette sélection avec un cauchemar baroque où douleur et plaisir se confondent. Un homme tente de se régénérer en sacrifiant des vies, tandis qu’un portail s’ouvre vers une autre dimension peuplée de démons sadomasochistes.
Tout comme The Substance, Hellraiser explore le corps comme champ d’expérimentation, entre désir, destruction et renaissance. C’est cru, dérangeant et fascinant. Pour aller plus loin dans cette dimension transgressive du corps : Possession (1981) d’Andrzej Żuławski ou La Piel Que Habito (2011) de Pedro Almodóvar.















































































































