James Gunn, c’est ce mec qui a foutu un feu d’artifice dans le cinéma de super-héros. Il a transformé un raton laveur en icône, bousculé le DCEU à coups de gore tendre et donné une voix aux marginaux cosmiques. À chaque film, il balance un mélange explosif d’émotion brute, de satire mordante et de BO improbable.
À l’occasion de la sortie de Superman, voici où revoir — ou découvrir — les œuvres marquantes de ce franc-tireur du blockbuster. Spoiler : il y a plus qu’un peu de sang et beaucoup de cœur. Et surtout, une manière unique de raconter l’humanité à travers les freaks, les losers et les extraterrestres.
Superman (2025)
Sorti en juillet 2025, Superman marque la première pierre de l’univers DC version James Gunn. Le film mise sur la lumière plutôt que l’ombre, avec un Clark Kent interprété par David Corenswet, à mi-chemin entre le boy scout sincère et le fils d’immigré extraterrestre en quête d’équilibre. Gunn injecte sa marque : humour en décalage, émotion frontale, action stylisée mais jamais creuse. Il s’amuse avec les codes sans jamais les moquer, préférant les rehausser d’un peu d’humanité cabossée. Ce Superman réinvente sans cynisme. C’est une nouvelle ère, et elle commence avec un sourire en coin et une cape qui claque dans le vent. On sent que Gunn a voulu insuffler un souffle plus lumineux au mythe, sans sacrifier la profondeur. Et ça marche.
Les Gardiens de la Galaxie Vol. 3 (2023)
Le dernier chapitre des Gardiens de la Galaxie Vol. 3, c’est une claque émotionnelle sous couvert de SF déglinguée. Gunn y plonge dans les traumas de Rocket avec une crudité quasi documentaire. Le film n’a pas peur du noir : il parle de deuil, de filiation, de survie… mais sans jamais lâcher l’humour, les bastons chorégraphiées et les tubes rétro. Chaque personnage a droit à sa révérence, sa faille, son moment d’humanité. Gunn conclut avec panache cette saga improbable, et prouve qu’on peut faire pleurer une salle entière avec un raton-laveur en CGI. C’est une fin, oui — mais une fin qui continue de résonner longtemps. Dans ce film, on a l'impression d'entrer dans l'intimité de Gunn. On y lit surtout une déclaration d’amour sincère à ces marginaux de l’espace qui nous ont tant fait rire et pleurer. Et derrière le clinquant, il y a cette idée persistante : même les monstres méritent une histoire qui finit bien.
Peacemaker (2022 - série)
Dérivé direct de The Suicide Squad (2021), Peacemaker met le doigt là où ça fait mal… puis appuie. John Cena y est à contre-emploi, pathétique et touchant, dans une série où les blagues potaches côtoient les traumas d’enfance. Gunn y explore les masques, les pères toxiques, la solitude, le besoin d’exister dans un monde qui ne veut pas de vous. Chaque épisode est une déflagration d’absurde, d’action et de mélancolie. Et ce générique, mi-clip ringard mi-message codé, donne le ton : on est chez Gunn, et personne n’en sort indemne. Ce n’est pas une simple série de super-héros : c’est une thérapie punk-rock, bourrée de riffs et de larmes. Et ça fait un bien fou dans un paysage saturé de récits lissés.
Les Gardiens de la Galaxie : Joyeuses fêtes (2022)
Un épisode spécial de Noël déguisé en farce cosmique, où Kevin Bacon devient le cadeau d’anniversaire de Star-Lord. Gunn se lâche : blagues à la chaîne, décor kitsch au possible, tendresse sincère. Derrière l’absurde, il y a une ode à la famille choisie, à l’amitié sans conditions, et à la magie bancale des fêtes. C’est drôle, bizarre, inattendu… et étrangement essentiel. Même les créatures de l’espace ont droit à leur moment de chaleur humaine sous les guirlandes. Les Gardiens de la Galaxie : Joyeuses fêtes n’est peut-être qu’un interlude dans la saga, mais il dit beaucoup sur l’esprit Gunn : irrévérencieux, généreux, toujours un peu sentimental.
The Suicide Squad (2021)
Gunn hérite d’une franchise plombée, et la retourne comme une chaussette trempée dans le sang. The Suicide Squad est violent, chaotique, trash — mais pas creux. Chaque personnage est un échec ambulant, un reste de projet gouvernemental mal fichu… et c’est justement ça qui les rend intéressants. Gunn fait du sale avec du cœur, du grotesque avec de l’âme. King Shark, Bloodsport, Ratcatcher : des noms absurdes, pour des destins qui vous attrapent à la gorge. Et oui, il y a un kaiju étoile de mer géant. C’est tout sauf du super-héros classique : c’est un film sur les déchets humains qu’on ose encore aimer. Un foutoir magistral, maîtrisé, profondément attachant.
Les Gardiens de la Galaxie Vol. 2 (2017)
Moins “space opéra” que le premier, Les Gardiens de la Galaxie Vol. 2 mise sur l’intime, le non-dit, les fêlures de l’âme. Gunn y creuse la figure paternelle, les blessures d’enfance, la loyauté, la trahison. C’est flashy, bordélique, drôle, mais toujours ancré dans l’émotion. Yondu vole la vedette à tout le monde, Baby Groot devient un mème vivant, et Ego… eh bien, il porte bien son nom. La BO continue de faire mouche, entre nostalgie sincère et ironie assumée, et l’ensemble brille par sa sincérité brutale. Gunn ose la vulnérabilité, jusque dans les éclats de rire ou les dérapages cosmiques. C’est un film sur les familles qu’on subit, celles qu’on construit, et les pardons qu’on n’ose jamais demander. Une aventure galactique qui sonne juste, jusque dans ses excès — et qui, sous ses airs de délire pop, serre parfois un peu le cœur.
Les Gardiens de la Galaxie (2014)
Le film qui a surpris tout le monde. Un groupe improbable, des vannes toutes les 10 secondes, un raton-laveur armé et un arbre qui ne sait dire que trois mots. Et pourtant, Les Gardiens de la Galaxie fonctionne à plein régime. Gunn y injecte sa folie, sa tendresse, sa bande-son nostalgique et sa science du rythme. C’est le Marvel qui ne ressemble pas à un Marvel — et c’est pour ça qu’on l’adore. Il ose l’irrévérence, la tendresse décalée, l’absurde au service de l’émotion. Derrière le délire cosmique, c’est une déclaration d’amour aux marginaux, aux perdants magnifiques, à ceux qui trouvent une famille quand ils n’en ont plus. Un coup de maître imprévu, qui a redéfini ce qu’un film de super-héros pouvait être : bordélique, sincère, et profondément humain. Un film qu'on a envie de revoir, encore et encore, rien que pour cette alchimie bizarre qui fait tout le charme.
My Movie Project (Movie 43, 2013)
Anthologie de sketches trash, parfois drôles, souvent gênants. Gunn signe une séquence sur une femme enceinte d’un alien — c’est court, absurde, provoc’. Pas grand-chose à sauver, mais ça montre qu’il n’a jamais eu peur du mauvais goût. Et parfois, c’est déjà une signature. Même dans ce chaos, on sent poindre l’envie de bousculer les lignes, de tester les limites, quitte à faire grimacer. My Movie Project est une curiosité, mais révélatrice d’une audace constante. Et peut-être, quelque part, le laboratoire d’un cinéma plus libre que ce qu’Hollywood ose habituellement proposer.
Super (2010)
Un type lambda se prend pour un super-héros. Il fracasse des crânes à coups de clé à molette. Super est un film rugueux, dérangeant, mal à l’aise dans ses baskets — mais sincère. Gunn y mélange ultraviolence, pathos, grotesque et critique sociale. Rien n’est aimable, tout est frontal. Et pourtant, on y trouve des éclats de vérité. Une vraie bizarrerie, qui annonce les coups de poing émotionnels à venir. C’est du cinéma fauché mais viscéral, qui cogne là où ça fait mal et qui laisse des traces, même une fois les lumières rallumées. C’est le genre d’objet filmique qu’on aime ou qu’on fuit, mais qui ne laisse jamais indifférent.
PG Porn (2008 - série web)
Des parodies de films porno sans aucune scène de sexe, juste les situations absurdes. C’est sale, débile, hilarant. Gunn et son frère Sean y testent des idées à l’arrache, parfois géniales. Ça ne ressemble à rien d’autre, et c’est ça qui est beau. PG Porn est le genre de projet foutraque qui annonce les virages créatifs à venir. C’est punk, c’est DIY, c’est du génie déguisé en blague potache. L’esprit Gunn dans ce qu’il a de plus libre, et de plus joyeusement absurde. On y voit déjà son goût pour le détournement des genres, pour les clashs de tonalité, pour l’humour qui gratte où ça pique.
Horribilis (2006)
Des vers extraterrestres, du sang, des blagues dégueu, Michael Rooker qui dégénère. Horribilis est une lettre d’amour aux séries B crados des années 80, mais avec une vraie tendresse pour ses monstres et ses loosers. C’est du gore avec du cœur, du body horror qui bat pour de vrai. Un premier film déjà habité par le style Gunn. Il y a là toute la promesse de son cinéma : du dégueu qui touche, du bizarre qui fait vibrer. Ça déborde, ça colle, ça fait rire et frémir. Et c’est inoubliable.
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